Albert
Decaris
par Charles Aude (1)
Ce n’est pas par hasard que je vous parle ce
soir. C’est le destin qui l’a voulu ainsi .Nous savons tous que l’un et
l’autre se tiennent souvent la main.
Il y a 8 mois, je n’avais encore jamais
rencontré M. Decaris. Il y a 3 mois, je ne connaissais Mme Germaine Chabaneix que de nom et je
n’avais pas lu les vers tendres et robustes de Léon Vérane. Il y a un mois à
peine j’avais le général Fondacci au téléphone pour l’avertir que je ramènerai
de Paris le portrait de Vérane par Segal.
Je lui disais que je serais content de le
rencontrer pour l’exposition que nous inaugurons aujourd’hui. Il devait y faire
une présentation de Decaris et du milieu artistique toulonnais qu’il
connaissait si bien.
J’aime
mon village autant que le Général aimait sa ville, voilà pourquoi j’ai souhaité
prendre la parole à sa place ce soir.
En grand Toulonnais, il avait reconnu
l’originalité de notre Village qui a toujours su puiser ce qu’il y a de
meilleur dans la terre et sur la mer si proche, double influence que l’on
retrouve chez les peintres et artistes revestois à commencer par Decaris,
aquarelliste du Village et peintre titulaire de la marine !
En humble revestois, j’ai toujours été ému par
la perspective de ces vieilles rues de Toulon qui se heurtent au Faron, cette
montagne qui fait la différence, mais qui toujours s’est laissée contourner par
l’heureuse Valette (c’est un pléonasme) et par la riante vallée de Dardennes.
C’est bien de vouloir comprendre le mystère de
cette différence et de ce débordement qui m’a conduit (avant même de rassembler
les Amis du Vieux Revest) à être depuis plusieurs années membre de
Et c’est avec beaucoup d’humilité que je vous
demande si ce n’est pas le même mystère revestois qui a conduit Decaris dans
notre commune dans les années 1930.
N’est-ce pas cette rencontre de la terre et de
la mer, du soleil et de l’eau, qui a séduit le jeune artiste à peine rentré de
Rome et qui avait, comme tant d’autre, trouvé un port d’attache chez Olive
Tamari, avenue Anatole France, tout près d’où les marins donnent corps à leurs
rêves.
La vigne est belle au « Saraillon»,
l’ombre est fraîche à
Decaris, 50 ans après, continue d’être comblé
par notre Village. C’est ce qu’il a bien voulu me dire dans un entretien qui
est retranscrit dans le bulletin des Amis du Vieux Revest que vous trouverez
ici.
Les mots ont leur magie, ils ont aussi leurs
limites. Il fallait la force immense de Dionisi, autre sociétaire de cette
véritable académie estivale du « Cyprès », pour élever un buste en
l’honneur de Decaris.
Ce buste, je l’ai vu à Paris, mais son poids ne
nous permettait pas facilement de l’amener ici.
Contentons-nous donc, puisque nous avons cette
chance, d’admirer l’œuvre du Maître. Et remercions le tous d’avoir si gentiment
accepté cette exposition.
Decaris est un fataliste actif. Nuit et jour,
par son labeur, il nous annonce que le printemps va revenir. Decaris croit à
l’Eternité. Chaque fleur, chaque source, chaque étoile, ce sera toujours la
femme que l’on rêve.
Avec Decaris, le Revest, ce mois d’août sera
encore plus éclatant de lumière.
(1) Discours
du 7 août 1987 de Charles Aude, Président des Amis du Vieux Revest et du Val d’Ardène,
pour l’ouverture de l’exposition « Decaris, peintre et graveur du Revest ».