ALZIARY Florentin Honoré (1898-1989) (1)
Par Jacques Girault
(Dictionnaire du Mouvement Ouvrier Seynois)
Né le 26 décembre 1898 à Ascou
(Ariège) ; décédé le 15 mars 1989 à
Son père, originaire des Alpes maritimes, avait
travaillé comme valet de chambre au Château de
Alziary, fils unique, fréquenta l'école primaire de
Saint-Jean-du-Var, puis l'École primaire supérieure Rouvière.
Après avoir été exempté du service militaire en 1916, il entra à l'École
normale d'instituteurs de Draguignan en 1917. Le plus âgé de sa promotion issue
de trois concours organisés dans plusieurs départements, baptisée "l'Arlequine",
à l'origine d'un journal Le Normalo, il exerça un
grand ascendant sur ses camarades. Il resta en relations avec le directeur de
l'école Alphonse Gilet pendant de nombreuses années et organisa la confection
d'un ouvrage avec ses camarades lors du départ à la retraite de celui-ci en
1937. Joseph Pascal, délégué de l'École émancipée dans le Var, contacta le
directeur pour lui demander de lui indiquer un normalien. Gilet lui conseilla
de s'adresser à Alziary. Commencèrent ainsi une
grande amitié et une activité militante.
En raison de ses qualités, en 1920-1921, Alziary fut appelé à suppléer un instituteur du Cours
complémentaire de Draguignan, décédé. Chargé des cours de Français, d'Histoire,
de Géographie et d'Italien, il réussit bien et l'inspecteur voulait le
maintenir en poste. Alziary refusa voulant exercer
dans le monde rural. Dès lors se déroula une carrière dans les villages varois
: Tourtour (1921-1923), Bras (1923-1929) Tourves (1929-1930), Pierrefeu
(sanatorium de
école
François Durand puis école Martini à la tête d'une classe de perfectionnement)
où il termina sa carrière en 1954.
A Tourtour, Alziary exerçait les fonctions de secrétaire de mairie
mais, en conflit avec le maire, ne tarda pas à démissionner. Il ne retrouva
plus par la suite cette fonction mais s'engagea dans la politique locale,
notamment à Bras où les divisions entre Blancs et Rouges lui firent ouvertement
choisir ces derniers et le cercle des Travailleurs. Influencé par Joseph
Pascal, initié à
Par la suite il varia ses votes tout en conservant une
orientation de gauche mais cessa de voter en 1968.
Alziary, à la sortie de l'École normale, adhéra au syndicat
des membres de l'enseignement de la région du sud-est, devenu au début de 1921,
syndicat des membres de l'enseignement des Bouches-du-Rhône et du Var. Comme
les autres syndicats départementaux, celui-ci fut dissous par décision de
justice au début de 1922. Quand se posa la question de l'adhésion à
Alziary, tout en étant membre du Syndicat national, continua
à adhérer à
Alziary et Pascal (dont le beau-frère Pierre Rossi dessinait
en relations avec Élise Freinet), rendirent visite à Célestin Freinet, à
Bar-sur-Loup, lors d'un congé, les 24-26 mai 1926. Des contacts permanents
entre Alziary et Freinet s'établirent. En outre, à la
différence de Pascal, Alziary s'inspira des méthodes
nouvelles (textes libres, correspondances). Il acheta une presse à imprimer
puis fabriqua une presse à rouleau. Il fut un des collaborateurs réguliers du
journal l'Imprimerie à l'école et participa au développement de l'Office du
cinéma éducateur. Il dirigea le service des correspondances scolaires pendant
une trentaine d'années, prit part à tous les congrès, aux travaux des équipes
de travail.
Les membres de l'Union générale, réunis à Toulon, le
26 novembre 1925, décidèrent d'adhérer au Syndicat national. Alziary fut désigné au conseil d'administration. Chargé
notamment de rédiger l'annuaire des postes, publié en août 1927, il présenta
pour l'assemblée générale de juillet 1926 un rapport sur les futurs statuts de
l'organisation. Pour ces deux tâches, il réunit une abondante documentation en
liaison avec les instituteurs varois et les militants nationaux. Désigné comme
responsable de la commission pédagogique, il en resta membre jusqu'en 1939.
Devenu secrétaire-adjoint pour l'arrondissement de
Brignoles, en liaison constante avec Pascal, il polémiqua à diverses reprises
avec l'autre secrétaire-adjoint Paul Maurel. Désigné comme délégué suppléant du Var, le 22
juillet 1927, pour participer au congrès national du SN, il préféra se rendre à
Grenoble pour participer au congrès de
Toujours membre du conseil syndical, Alziary devint secrétaire général après l'assemblée
générale du 3 janvier 1931. Ainsi était écartée l'éventuelle candidature de
Victor Mathieu, militant plus modéré. Responsable de l'action, de
l'administration du syndicat et de sa commission pédagogique, il présenta une
motion, adoptée à l'unanimité en avril 1931, qui proposait l'exclusion du
syndicat des collègues qui n'avaient pas suivi le mot d'ordre de grève des
jurys d'examen des bourses. Les effectifs baissèrent (un quart des adhérents
varois exclus) alors dans le Var comme en France. Délégué pour le congrès
national de Paris de 1931, ses votes s'y distinguèrent souvent de ceux de
l'autre délégué du Var, Maurel (blâme pour Jouhaux,
contre la nécessité de réunir les deux-tiers des
mandats d'un congrès pour décider une action, contre la suspension de
l'abstention des jurys comme forme de lutte pour les traitements, pour la
motion d'orientation 3). Dans le compte rendu qu'il fit du congrès dans le
Bulletin, il écrivit notamment : "Un autre détail nous fut agréable :
l'absence de tricolore dans la décoration de la tribune de la salle, c'est peut-être
seulement fortuit. Dans certains congrès, le bleu, blanc, rouge nous offusque
passablement pour que nous manquions l'occasion de signaler ce signe matériel
de l'indépendance du syndicalisme". Aussitôt le Préfet le traduisit devant
le Conseil départemental. Une motion de solidarité fut votée par le conseil
syndical unanime ; de nombreux enseignants protestèrent dans la presse.
Finalement, lors de la réunion du CD, le 19 décembre 1931, le directeur de
l'École normale Gilet, à qui Pascal venait d'écrire, dans son rapport, conclut
contre toute sanction sous réserve d'une déclaration d'Alziary.
Dans la presse parut alors le communiqué suivant, rédigé avec Rougier :
"Le secrétaire général du Syndicat traduit devant le CD pour une phrase du
compte rendu du Congrès de Paris, déclare qu'il n'a jamais été dans sa pensée
d'attaquer ou d'offenser le drapeau national."
Alziary, après le refus par l'assemblée générale du 21
juillet 1932 de sa motion sur la collaboration avec l'administration,
démissionna de sa responsabilité de secrétaire général et expédia les affaires
du syndicat jusqu'en octobre. Le 24 novembre 1932, la responsabilité du
bulletin lui fut confiée. Par la suite, il se distingua par deux interventions
importantes : après avoir reçu des réponses au questionnaire paru dans le
Bulletin en mars 1933, publication dans le Bulletin, en juin 1933, d'un projet
de réorganisation du conseil syndical sur la base des sections cantonales et de
nouveaux statuts, adopté le 20 juillet 1933, publication, en mai 1935,, d'un
rapport sur "l'état matériel de l'école" dans le département,
synthèse sur la situation de l'école primaire.
En
1932, se déroulaient des attaques contre Freinet dans le département voisin,
relayées par les milieux de droite dans tout le pays. Une campagne de soutien
était alors lancée par un comité dans L'Educateur prolétarien en mai 1932. Deux
instituteurs varois figuraient dans le bureau du comité, Alziary
et Bourguignon. Réagissant contre un article de Levasseur sur Freinet, le
premier envoya à l'Ecole libératrice un article sur "l'affaire
Freinet". La direction nationale du syndicat refusa l'insertion. Cet
article fut alors publié dans le Bulletin du syndicat varois en janvier 1933 et
dans d'autres bulletins départementaux.
Outre son activité dans la mouvance de Freinet (Office
du cinéma éducateur Fédération varoise des coopératives scolaires), Alziary, membre des commissions pédagogiques et des fêtes,
toujours animateur de la rubrique pédagogique du bulletin syndical, participa
au Rassemblement universel de
Père
d'un garçon, nommé à
Alziary,
à
Alziary
retrouva sa place dans le conseil syndical à
Alziary
fut désigné pour siéger au Conseil départemental de l'enseignement primaire le
3 décembre 1945, avec 267 voix sur 291 votants, renouvelé le 3 décembre 1951,
avec 313 voix sur 333 votants. Démissionnaire avec ses camarades à la fin de
1953, il fut réélu le 21 janvier 1954 avec 289 voix sur 331 votants. Il siégea
à
Alziary
eut aussi une activité mutualiste. Il représentait la société de secours
mutuels de l'enseignement public du Var au congrès de naissance de
Parallèlement
à son métier, Alziary exerça les fonctions de juge
pour enfants à Toulon de 1945 à 1956. Retraité, il s'occupa du lancement d'une
maison pour handicapés dans le quartier de Tamaris à
Son
fils, Jean-Luc Meiffret-Alziary, chargé d'école à
Port-Cros, puis adjoint de classe terminale au Lycée Beaussier
de
SOURCES
: Archives et renseignements fournis par l'intéressé - Presse corporative et
locale - Sources orales - PASCAL (Joseph), Une existence en toutes lettres,
Genève, Perret-Gentil, 1972, 240 p.
(1) :
Au château de
(2) :
Selon son fils, Meiffret Margueritte était de la même
famille que les Meiffret des Olivières
et les Meiffret, maires du Revest.