Aristide
Briand, artisan de la séparation
de
l’Église et de l’État
par Bernard Oudin,
article écrit pour
Si l’on garde en mémoire
l’influence d’Émile Combes dans la loi de 1905, il ne faut pas oublier l’action
décisive du jeune député Aristide Briand qui fait déjà la démonstration de ses
capacités diplomatiques dans la mise en place d’une loi qui ne laissait personne
indifférent.
Janvier 1905.
Depuis un quart de siècle, une
lutte sans merci oppose
Pourquoi ce paradoxe ? Parce
que, si les uns ne veulent pas de
Le ministère Combes est renversé
en janvier 1905. Le nouveau président du conseil, Maurice Rouvier, est peu au
fait des questions religieuses. Il sait pourtant que
C’est ici qu’entre en scène
Aristide Briand.
C’est encore un quasi-inconnu.
Né à Nantes en 1862, il a longtemps milité dans les rangs socialistes et a fait
trois tentatives malheureuses avant d’être enfin élu député en 1902. La
défection d’un collègue lui permet d’être élu à la commission constituée en vue
de la séparation de l’Église et de l’État. Un autre hasard lui vaut d’être
nommé rapporteur du projet.
Le gouvernement dépose le projet
de loi en février 1905. Le débat s’ouvre devant
L’Histoire retiendra surtout
dans quel esprit il a conçu
Discrètement, il va jusqu’à
prendre contact avec les rares membres de la hiérarchie catholique qui sont
plus ouverts au dialogue, comme Mgr Fuzet, archevêque
de Rouen. Il sait ce que les catholiques, la mort dans l’âme, sont prêts à
accepter et les points sur lesquels ils ne transigeraient pas.
Pendant tout le débat, il doit
ainsi batailler sur deux fronts. Un jour, il lance à la gauche : « Nous sommes
en présence de l’Église catholique, avec la constitution qu’elle s’est donnée
et que vous ne pouvez ignorer. Il y a des curés, il y a des évêques, il y a
même un pape. Ce sont des mots qui peuvent écorcher les lèvres de certains,
mais ils correspondent à la réalité ». Contre la droite, il sait aussi sortir
les griffes, rappelant un jour aux députés catholiques qui l’accusent de spoliation
que la fortune familiale de certains d’entre eux est faite de biens d’Église
confisqués sous
La paix civile n’est pas
immédiatement restaurée pour autant. L’année suivante, l’inventaire des biens
d’Église sera l’occasion de nouveaux affrontements, et il faudra attendre la
guerre et la fraternité des tranchées pour réconcilier croyants et incroyants.
Reste que, grâce à Briand, la
société française a franchi, comme il le voulait « sans violence et sans heurts
», une étape essentielle.
Une grande carrière l’attend,
qui se soldera hélas par un échec : après la paix religieuse, il tentera en
vain de réconcilier Français et Allemands, et de restaurer la paix en Europe.
Mais ceci est une autre histoire…
Retour Sommaire "Le Revest-les-Eaux
et son Ecole laïque"