Association des Amis du
Vieux Revest et du Val d’Ardène
Le
Revest-les-Eaux, le 1er août 2009
Amis
lecteurs,
Pour
ce mois d’août 2009, mois de tous les dangers pour nos collines et dans nos collines,
nous avons souhaité publier quelques lignes afin de rappeler qu’il y a eu trois
incendies meurtriers sur notre Commune :
·
1906 :
trois morts, les soldats Davayat, Gabriel et Rougon.
·
1964 :
deux morts, M. Mme Montaperto, habitants de
·
1970 :
deux morts, les pompiers Ferrari et Mariani.
Nous vous proposons, ci-après, des articles
extraits des bulletins des Amis du Vieux Revest et du Val d’Ardène, sur le
terrible incendie du mont Caume (ou mont Caoume), extraits des bulletins n°7, 9
et 11, réalisés grâce au travail de recherche de notre ami Armand Lacroix.
Et
nous avons eu la chance de trouver dans de « vieux papiers » le
numéro 3314 du 1er septembre 1906 du journal national
« L’illustration » qui nous permet de vous proposer une photographie
de ce terrible incendie.
Nous
avons une pensée particulière pour celles et ceux qui ont en charge notre
sécurité et la protection de nos collines, qu’ils soient pompiers
professionnels ou volontaires, police municipale ou membres bénévoles du comité
communal des feux de forêts (CCFF) de notre Commune.
Soyons
citoyens, soyons vigilants.
Les Amis du Vieux Revest et du Val d’Ardène
Le terrible incendie
d’août 1906 au mont Caume
Recherche effectuée par Armand Lacroix
Notre
ami A. Lacroix est allé consulter le « Petit Var » des 23, 24, 25 et
26 août 1906 pour connaître le déroulement du terrible incendie qui coûta la
vie à trois soldats du IIIème régiment de ligne.
Nous
avons pensé que le moment était venu de vous livrer les extraits les plus
intéressants des articles parus sur le sujet alors que
C’est
notre façon, tout en faisant de l’histoire, d’appeler l’attention sur la
gravité de ces sinistres et de contribuer à la nécessaire prévention en la
matière.
Forêts en feu –
Incendie au mont Caume
« Les
incendies continuent à ravager les bois de nos contrées. Hier encore, un feu a
éclaté dans ceux du mont Caume, entre les Pomets et le Revest. La sécheresse,
les herbes et les broussailles facilitaient comme on le pense bien l’entretien
du fléau.
De
plusieurs points de la ville on pouvait voir un immense nuage de fumée planer
au-dessus de la montagne. Des fortifications de
L’incendie du mont
Caume
Trois soldats morts
dans les flammes
« Dans
notre numéro d’hier nous avons annoncé que le feu avait éclaté sur les pentes
du mont Caume /…/ Nous croyions, avec tout le monde, qu’il suffirait d’une
nuit d’effort et de bonne volonté pour qu’on se rendit tout à fait maître du
feu.
Nos
prévisions optimistes ne se sont pas réalisées, le feu redouble d’ardeur,
ravage pins, chênes et broussailles. Tout cela ne serait rien si nous n’avions
à déplorer la mort de trois malheureux soldats du IIIème de ligne /…/ »
1ère
journée :
les causes de
l’incendie
« Mercredi
22 août 1906
Des
ouvriers peintres gravissent la route tortueuse et montante qui aboutit au fort
du mont Caume. Ils causaient, riaient et fumaient.
Il
était à peu prés midi trente, le garde d’artillerie du fort avec sa jumelle
suivait la marche des ouvriers. Tout à coup, derrière eux, il vit une épaisse
fumée qui montait vers le ciel puis des flammes. Dés que les ouvriers
arrivèrent au fort, le garde leur reprocha de ne pas s’être retournés pour
s’occuper du feu qui probablement venait d’être communiqué aux broussailles par
les étincelles d’une cigarette.
Les
peintres protestèrent et une discussion assez orageuse s’ensuivit
Entre
temps, le garde forestier Perrin, 1er garde des bois d’Orvès
appartenant à M. d’Estienne, M. Giraud et les fermiers de la propriété Tardy
donnèrent l’alarme.
De
dévoués citoyens du Revest, du Broussan et des Pomets arrivèrent sur les lieux
tandis que la place de Toulon faisait partir à cinq heures du soir deux
compagnies du IIIème avec pelles et pioches, la capote en bandoulière.
Les
courageux soldats arrivèrent exténués sur les pentes du mont Caume et
commencèrent avec leurs faibles moyens d’attaquer le foyer. Le feu qui avait
pris exactement au Jas de Suzanne, à droite des Pomets et du col du
« Corps de Garde », se lançait avec rage à travers la colline tout au
long du Caume allant des Pomets au Revest, avec des velléités d’attaquer la
magnifique vallée de Dardennes.
Successivement
les bois de Mme veuve Fillon, de M. Raynaud sont la proie des flammes. Le feu
gagne les « Grands Puits », « le Saint Sacrement »,
« Les Pennes », terrains boisés avec des pins et quelques chênes.
La
nuit fut très dure pour nos pauvres troupiers impuissants à combattre le foyer
dévastateur. Le terrain très rocailleux, accidenté et irrégulier empêchait de
construire une longue et large tranchée qui aurait suffi à circonscrire le feu.
Après
beaucoup de peines et d’efforts, il semblait pourtant être maîtrisé vers 6
heurs du matin. »
2ème
journée : Le feu reprend
« Nos
soldats exténués, les mains et la figure noircies, n’eurent pas de café pour
les réconforter un peu et ils restèrent jusqu’à 11 heures du matin sans rien prendre. Voilà que vers midi
trente un nouvel incendie se déclare dans le bois de M. Tardy. Les mêmes
hommes, quoique vannés, reviennent au feu qui avec une rapidité inouïe gagne de
plus en plus de terrain. Nos soldats sont obligés de prendre le pas de gymnastique
tant le feu semble les poursuivre. De nombreux troupiers sont blessés dans
cette galopade furibonde dans le dédale
sylvestre.
Et il y a des morts …
Les
tourbillons épais de flammes entourent quelques retardataires et leur coupent
toute retraite. Les soldats Rougon, originaire de
Dès
que la caserne Gouvion St Cyr est prévenue, le colonel Colle et le lieutenant
colonel Villiers du IIIème de ligne ainsi que deux médecins majors se rendent
sur les lieux.
Les renforts arrivent
Ce
n’est qu’à 6 heures du soir que les hommes de la 3ème et 4ème
compagnie voient arriver les renforts. Deux compagnies du 4ème
d’infanterie coloniale avec leur chef le commandant Noguès arrivent aux Pomets
sac au dos /…/ Puis un détachement du IIIème commandé par le capitaine Michel
pour relever le premier piquet. L’incendie prend des proportions fantastiques.
Les militaires ont le front alourdi par de sombres préoccupations.
À Toulon, on croit la
vallée de Dardennes en flammes !
De
nombreux curieux stationnaient au rond point du jardin de la ville, au bas de
l’avenue Colbert et de la rue Truguet pour regarder les flocons opaques
couronnant le sommet du Faron.
Il
semblait que toute la vallée était en flammes du Revest à Tourris.
Peu
à peu, à travers la ville, on parle de morts et de blessés.
Vers le Revest,
« dans le gris violacé
et profond d’un ciel
d’août » …
/…/
Sous le vaste porche de l’hôpital maritime, une dizaine de médecins et
d’étudiants sont là et cette présence insolite nous confirme qu’il y a tout au
moins des blessés et nous nous dirigeons en hâte vers le Revest.
Il
est 8h ½ dans le gris violacé et profond d’un ciel d’août piqueté de mille et
mille étoiles, la silhouette du mont Caume se confondrait si un large ruban de
flammes fauves ne le ceinturait à mi-flanc … Des centaines de points lumineux
piquent cette masse noire, troncs d’arbres embrasés qui achèvent de brûler.
Nous
filons au grand trot : Saint Roch … Les Moulins … Dardennes. Après
Sur
la place, devant le « château », c’est un fourmillement de monde, des
femmes et des jeunes filles surtout ; les hommes sont tous au feu et notre
arrivée produit quelque émotion.
Le
témoignage de M. Hermitte Joseph,
Maire du Revest
« Hier,
nous dit M. Hermitte, l’incendie avait dévoré tout le côté Sud du mont Caume … Ce
matin nous le considérions comme éteint. Soudain, vers onze heures, il reprit
d’une violence inouïe. Comment s’est-on laissé déborder par les flammes ?
Je ne me l’explique pas. Elles s’avancèrent en cas vers le Revest là où les
arbres étaient rares, dans cette partie de Caume ravagée il y a dix ans par un
semblable sinistre.
Le
vallon des Charlois, le quartier de Chambéry furent dévastés. Des sautes
fréquentes de brise changeaient le cours du feu. Il en vint à
Cependant,
continue M. Hermitte, j’étais monté vers le Malvallon et avais emmené avec moi
un cheval portant de l’eau et des vivres pour les sauveteurs, mais je dus lui
faire rebrousser chemin car les flammes barraient la route. Je continuais seul.
Il était environ trois heures lorsque je rencontrai mon neveu. Il me raconta
que se trouvant en plein incendie à
À
cette nouvelle, je hâtai le pas autant que me le permettaient mes vieilles
jambes et je rencontrai le commandant. Je lui dis que j’étais le maire et que
je me tenais à sa disposition pour les secours aux blessés.
/…/
Je
redescendis alors au Revest. Toute notre population et toutes les forces
militaires étaient concentrées alors au Nord-Ouest du village dans un endroit
appelé « Le Creux ». C’est une sorte de ravin pierreux qui descend du
plateau jusqu’à la route de Fierraquet qui monte vers les fermes de Robuou et
d’Orvès.
Là,
on a pratiqué une tranchée, abattu des arbres et allumé un contre-incendie. Si
nous réussissons à arrêter le feu à cet endroit, c’est bien. Dans le cas
contraire, il gagnera au Nord-Ouest
Tel
est le récit que nous fait M. Le Maire et il ajoute que vers 8h ½ , M. Reyss,
Sous-préfet de Toulon, et son secrétaire M. Maure sont arrivés au Revest. Ne
pouvant, en raison de son grand âge, les accompagner, il leur a trouvé un guide
sûr pour se rendre au « Creux », véritable voyage de près d’une heure
dans l’obscurité par des routes escarpées où les cailloux roulent sous les pieds. Et comme
nous demandons à M. le Maire si de nouvelles troupes arrivent :
-
Non,
dit-il, si on m’envoie des soldats, je les ferais retourner. Je ne veux pas que
l’on expose encore des existences pour sauver des arbres ! »
Le terrible incendie
d’août 1906 au mont-Caume
Recherches effectuées par Armand Lacroix
Dans
le Bulletin n°7 des Amis du Vieux Revest, nous avons publié la première partie de
cette enquête sur l’incendie d’août 1906, en expliquant ce qui s’était passé
les deux premières journées, soit le mercredi 22 et le jeudi 23 août 1906 et en
indiquant les noms des trois victimes, les soldats Rougon, Davayat et Gabriel.
Après
avoir relaté la fin du sinistre, le vendredi 24 août, nous reviendrons sur les
victimes et les obsèques de ces malheureux.
3ème
journée : sur les lieux du sinistre, les dernières lueurs
Après
une longue nuit d’angoisse et de lutte, nuit qui vit des soldats et des
bûcherons disputer pied à pied au sinistre le sol qu’il ravageait, le soleil
s’est enfin levé, un radieux et chaud soleil d’août qui jetait sa gaieté et son
éclat sur les monts et vallées. Dès les premières lueurs de l’aube, la ceinture
de flammes qui brasillait au flanc du mont Caume avait pâli, du « Corps de
garde » au Revest et les pentes dénudées de la montagne, semblaient, sous
les cendres et les troncs calcinés, avoir pris le deuil de ceux que
l’impitoyable fléau avait couchés, hagards, convulsés, sous le terrible et
mortel baiser des flammes.
Mais
vers le nord-est du Caume, l’incendie s’avançait toujours. Il était 2h30 du
matin lorsque là-haut, au « Creux », nous avions laissé, la hache au
poing, la poignée de braves que conduisait la garde Meiffret, tenter d’arrêter
le feu. Depuis les flammes avaient continué leur œuvre, franchi le ravin et
elles étaient arrivées au Col des Morts, « les Mouarts », qui joint
le Caume à la vaste et aride plaine des Amandes. Le vent, qui soufflait
pourtant faiblement de l’est, devenait une terrible menace pour les forêts de
Rebuou et d’Orvès. Le danger était grand.
Les
habitants du Broussan, guidés par le garde forestier M. Pailhan, le garde
champêtre Louis Giraud et l’adjoint Hermitte, comprirent que tout dépendait
d’eux. Ils se mirent bravement à l’œuvre et, utilisant le large couloir de
pierrailles qui descend des Baux à
Les
gens du Revest veillaient de leur côté. Deux fois, Marius Isnard monta vers
Les
flammes s’avançaient avec rapidité, tordant les pins comme fétus de paille,
l’incendie semblait redoubler de violence, puis soudainement, le contre-feu fit
son œuvre et tout s’éteignit. C’était fini.
Il
était quatre heures de l’après-midi (vendredi 24 août). Fantassins, marsouins
et marins respirèrent. Le commandant Nogues, de l’infanterie coloniale, venait
de choir de son cheval dans une sente escarpée et s’était blessé à la jambe.
Au Revest, le drapeau
est en berne
et les soldats font la popote
Dans
la petite ville à l’accoutumée si calme, on avait peu ou pas dormi. Les hommes
au feu, les femmes avaient veillé, espérant le retour et suivant de loin la
marche du fléau. À l’aube, on fut tôt debout. Le maire, le sympathique M. Meiffret,
fit mettre en berne le drapeau de la maison commune et se rendit de nouveaux
sur les lieux.
Durant la matinée, arrivèrent
successivement M. Reyss, sous-préfet, M. Maure, son secrétaire et M. Charlois,
conseiller général, ainsi que des curieux et des photographes.
De l’aire avoisinant le château, on
suivait la marche du feu. La journée se passa ainsi. À six heures du soir, nous
revoici au Revest. Sur la place et tout à l’entour, les soldats font la popote.
Dans le château, le bar restaurant de M. Laure est pris d’assaut et ses tables
sont bien vite occupées.
M. le commandant Nogues, la jambe
reposant sur une chaise, le pied déchaussé, écrit en hâte quelques notes et
expédie un cycliste pour demander à être relevé.
Le Revest, pour sa
seule part,
a perdu
Avec
le garde Meiffret, nous retrouvons, se reposant de leurs fatigues, les yeux
battus, les mains noires, les traits tirés, les vaillants de la nuit
dernière : Marius Pomet, Marius et Cyrille Isnard, Louis Joseph, Célestin
et Toussaint Hermitte, Marius Sauvaire … et nous nous entretenons des dégâts
causés par le feu.
De
mémoire d’homme, dit le garde Meiffret, on n’avait pas vu pareil incendie. Les
Arrosants ont peu souffert. Il y a quelques oliviers brûlés particulièrement à
Malvallon et à Parinestre. Aux Pennes, M. Joseph Meiffret, conseiller
municipal, a perdu pour un millier de francs de bois facturés et de fagots. La
liste des propriétaires sinistrés est très longue. Les dégâts apporteront de la
gêne dans de nombreuses familles et causeront la ruine complète de certains qui
ont perdu leurs récoltes, leurs oliviers, leurs vignes et leurs fruitiers
dévorés par les flammes.
Préoccupés
par cette fâcheuse situation, le maire du Revest est résolu à demander aux
pouvoirs publics d’y remédier dans la mesure du possible et le citoyen
Charlois, conseiller général, a promis tout son concours d’humanité.
Les circonstances du
drame
L’enquête
effectuée par les journalistes a permis d’aboutir aux conclusions suivantes sur
les causes de la mort des trois soldats. Ces hommes étaient placés par groupes
de 4 à 5 à
À
la suite de raisons que l’on ignore encore, l’ordre fut donné à ce deuxième
cordon de faire un contre-feu sans prévenir le premier cordon. Cette manœuvre
fut exécutée, mais ceux qui avaient donné l’ordre n’avaient pas songé à la
force du vent qui, en quelques instants, embrasa tous les arbres dans un rayon
d’une centaine de mètres.
Le
premier cordon de soldats se trouva ainsi pris entre les deux incendies. Ce fut
alors une panique générale. À l’endroit le plus embrasé se trouvaient les
soldats Davayat, Rougon, Gabriel, Creste et le sergent Salvigni. Ces hommes,
comprenant que leur vie était en danger, se sauvèrent à toutes jambes.
Abandonnant
pelles, pioches et haches, ils firent tous les cinq environ
C’est
alors que Davayat, épuisé, à bout de forces, suffoqué par l’âcre odeur qui se
dégageait, s’affaissa. Le caporal Kieffer s’élança sur lui, le saisit à bras le
corps et l’emporta quelques instants. Mais il est obligé de l’abandonner. Plus
loin, Gabriel et Rougon se séparèrent de leurs collègues plus alertes. Ces derniers
les appelèrent plusieurs fois, mais ne recevant plus de réponse et sur le point
d’être enveloppés par les flammes, ils continuèrent leur fuite, quasi
asphyxiés.
À
une trentaine de mètres de la route, Davayat s’embroncha et tomba, les flammes
l’enveloppèrent rapidement et il fallut perdre tout espoir de le sauver.
À
un mètre de la route, Creste s’affaissa également.
Fort heureusement pour lui, sur le chemin se
trouvait un artilleur qui était descendu du fort pour porter de l’eau à ses
camarades et qui avait été le témoin de sa chute : il était sauvé.
Le terrible incendie
d’août 1906 au mont-Caume
(Suite et fin)
Dans
les numéros 7 et 9 des Bulletins des Amis du Vieux Revest ont été publiés deux articles
de M. Lacroix rédigés à partir des articles du « Petit Var » sur les
circonstances de cet incendie et sur les victimes Rougon, Davayat et Gabriel.
Nous
avons trouvé dans les archives communales trois documents que nous reproduisons
sur les suites de cet incendie et plus particulièrement sur l’érection du
monument de la place Leclerc.
Il
ne nous est malheureusement pas possible, compte tenu de leur mauvaise qualité,
de reproduire deux photographies prises lors de l’inauguration de ce monument
le 25 août 1907 que possède M. Alphonse Sauvaire, maire honoraire du Revest,
petit-fils de M. Eugène Chaix, Président du comité d’érection de ce monument.
Notre
témoignage sur cet événement aura en tout cas été émouvant jusqu’au bout.
________________________
Pose d’une pierre
commémorative
M.
Durand, adjoint, propose d’ériger au
Mont-Caume une pierre tumulaire à l’endroit même où ont péri, victime du feu,
les malheureux soldats commandés pour combattre l’incendie.
Cette
pierre en forme de pyramide tronquée portera l’inscription :
Le Revest
À la mémoire
de
Rougon, Davayat et Gabriel
du 111e de ligne
victimes de l’incendie du Mont-Caume
(23 août 1906)
Les
frais qu’occasionnerait l’érection de ce monument commémoratif seraient pris pour
une souscription publique et par
Inauguration
du monument élevé sur
la place du Mt. Caume à la mémoire des soldats morts dans l’incendie du
Mont-Caume du 23 août 1906
_____
L’an
1907, le 25 août à deux heures du soir, a eu lieu au Revest l’inauguration du
monument élevé par souscriptions publiques, à la mémoire des soldats du 111ème
régiment de ligne Rougon, Davayat et Gabriel, mort dans l’incendie du Mt. Caume
du 23 août 1906.
Assistaient
à la cérémonie :
Le
Conseil municipal du Revest, au complet,
Le
Comité d’érection composé de M.M. Meiffret Pierre-Marie, président d’honneur, Hermitte
Séverin, conseiller municipal, président, Chaix Eugène, ouvrier du port,
trésorier, Artigue Antoine, cultivateur, secrétaire ; Fillol secrétaire de
Un
piquet du 111ème de ligne, sous les ordres du commandant
Fabre ;
M.
Ferrero, député de la première circonscription de Toulon.
M.
M. Charlois, conseiller général et Mounin, conseiller d’arrondissement du 4ème
canton de Toulon.
M.
Segon, maire de
M.
Champagne, délégué de la municipalité de Toulon.
M.
Fabre, délégué de
M.
Hermitte, adjoint spécial du Broussan, commune d’Evenos.
Les
représentants de la presse locale, etc …
Le
cortège formé à 2 heures à
Au
milieu du plus profond silence et d’une voix émue, M. Meiffret Pierre, maire du
Revest a prononcé l’allocution suivante :
« Citoyens,
Citoyennes,
Un
an s’est écoulé depuis le jour où un incendie de sinistre mémoire dévorait les
pentes boisés du Mont-Caume, faisant trois malheureuses victimes parmi les
troupes commandées pour arrêter le terrible fléau.
Rougon,
Davayat, Gabriel, du 111ème de ligne, périssaient dans les flammes
sous les yeux de leurs camarades impuissants et consternés.
Une
pareille mort ne pouvait tomber dans l’oubli.
Le
Conseil municipal du Revest, animé d’un sentiment de pitié et de regret à
l’égard de ces enfants infortunés a voulu léguer à la postérité l’exemple de
leur dévouement. Il a pris l’initiative louable d’élever en leur mémoire une
pierre commémorative. C’est ce souvenir pieux que nous inaugurons aujourd’hui,
anniversaire de l’épouvantable catastrophe.
Ce
modeste monument que le Revest dédie à la mémoire de Rougon, Davayat, Gabriel
est l’œuvre de la reconnaissance publique et restera le souvenir vivant du
noble sacrifice de ces victimes du devoir.
Au
nom du Conseil municipal j’adresse aux généreux souscripteurs qui, par leurs
dons, ont contribué à l’érection du monument, aux membres du Comité et aux
ouvriers, dont l’activité et le labeur ont permis de mener à bonne fin cette
œuvre de souvenir, mes plus chaleureux remerciements.
J’adresse
également l’expression de ma vive reconnaissance à notre sympathique député, à
M.M. les Maires, mes collègues, aux officiers et soldats du 111ème
ligne, à tous les citoyens qui, par leur présence, ont tenu à rehausser l’éclat
de la cérémonie d’aujourd’hui.
Et
maintenant, citoyens et habitants du Revest, cette pierre, je la place sous
votre sauvegarde, je vous la confie, persuadé d’avance qu’elle sera pour vous
un objet de vénération et de respect et que vous veillerez sur elle avec un
soin jaloux. »
Ont
ensuite pris la parole :
-
M.M.
le commandant Fabre au nom du 111ème de ligne, Ferrero, député, au
nom de la première circonscription de Toulon,
-
Champagne,
au nom de la ville de Toulon,
-
Fabre,
au nom de la ville de
-
Chaix,
au nom du Comité d’érection.
Les
discours prononcés, le cortège s’est rendu sur la place Meiffret où un vin
d’honneur a été offert aux invités.
La
foule profondément émotionnée de cette touchante manifestation se retire avec
calme et recueillement.
La
cérémonie prend fin à 4 heures.
Le Maire
Meiffret
________________________
M. le Président (du comité d’érection) s’exprime ainsi
(devant le conseil municipal revestois):
Messieurs,
Lors
de votre dernière réunion, le 6 septembre dernier (1906) , le regretté collègue
Agarra fit au Conseil une proposition qui tendait à demander à M. le Ministre
de l’Intérieur une médaille d’honneur en faveur du garde-champêtre Meiffret de
notre commune et du brigadier forestier Peyran de Toulon en récompense des
services signalés que ces agents avaient rendus pendant l’incendie du Mont
Caume (23, 24 et 25 août) qui coûta la vie à trois malheureux soldats.
À
l’unanimité cette proposition fut prise en considération et un dossier fut
formé en vue de donner suite à votre décision.
M.
l’inspecteur des forêts n’ayant pas donné un avis favorable en ce qui concerne
Peyran, nous n’avons pas cru devoir poursuivre pour ce fonctionnaire la
réalisation de votre vœu.
Mais
il ne doit pas en être de même pour le garde Meiffret sur le compte de qui
l’administration des forêts n’a pas donné son avis.
Vous
avez, comme moi, tous été témoins de l’activité et du zèle qu’à déployé notre
garde champêtre. Une telle conduite, en des circonstances aussi périlleuses et
aussi pénibles, mérite une juste récompense.
C’est
pourquoi je viens vous prier de renouveler la demande que vous fîtes en
septembre.
A la
suite de cet exposé, le conseil municipal est d’avis qu’une récompense soit
accordée au garde Meiffret et à cet effet, il sollicité de M. le Ministre de
l’Intérieur une médaille d’honneur en sa faveur.
Récompense au garde-champêtre Meiffret
Clémenceau écrit au garde-champêtre
Meiffret
République Française Paris le 19 janvier
1907
Ministère de l’Intérieur
Monsieur,
Le Préfet du Var m’a signalé le
dévouement dont vous avez fait preuve le 23 août 1906 en combattant un incendie
de forêt.
Je me félicite de vous adresser, au nom du
Président de
Recevez Monsieur l’assurance de ma
considération distinguée.
Le Ministre de l’Intérieur
Clémenceau
***************************************************************
PETIT VAR
N° 9132 – DIMANCHE 26
AOÛT 1906
L’incendie du mont
Caume
Toulon fait aux
victimes du devoir d’imposantes funérailles
Encore quelques
intéressants détails de ci, de là
Les obsèques
Il
est sept heures et demie. Dans la rue Nationale, à l’accoutumée si calme aux
heures matinales, c’est un piétinement moutonnier de foules, où passe par
instants le rythme de pas militaires. Aux abords de l’hôpital maritime le
mouvement est considérable ; des officiers de tous grades et de toutes
armes, des délégations arrivent ; des couronnes passent, dont on cherche
curieusement à lire les inscriptions.
Dans
la cour de l’hôpital ; généraux, amiraux, fonctionnaires et officiers sont
groupés et l’épouvantable tragédie, dont cette lugubre cérémonie sera le
dernier acte, fait l’objet de toutes les conversations.
Les
deux cercueils, recouverts d’un pavillon tricolore, sont déposés dans la
chapelle ; les officiers du 111ème et les couronnes occupent la
dernière cour.
À
huit heures très précises a lieu la levée des corps et le cortège se forme puis
se met en marche dans l’ordre suivant :
-
La
3ème compagnie du 111ème d’infanterie forme en tête le
piquet d’honneur, commandé par M. le capitaine Michel, elle est suivie des
hommes –sans armes- de la 4ème compagnie. Toutes deux ont été au feu
durant la tragique journée du 23. Puis viennent deux poêles, l’un tenu par
quatre soldats du 111e ; l’autre par un soldat colonial, deux
artilleurs du 17e bataillon et du 3e régiment et un
marin.
Les
couronnes portées à bras sont au nombre de vingt-cinq, plus une gerbe de fleurs
fraîches envoyées par la musique du 111e. Voici la liste des couronnes :
Les
sous-officiers et soldats du 4e colonial,
Le
général et les officiers de la 4e brigade coloniale,
Le
3e d’artillerie coloniale,
Le
personnel des Forges et des Chantiers de
Les
deux couronnes du Souvenir français,
La
musique et la compagnie hors-rang du 111e,
Les
officiers, sous-officiers et soldats de la 3e compagnie du 111e
de ligne à leur regretté camarade Davayat,
Les
officiers, sous-officiers et soldats de la 3e compagnie du 111e
à leur regretté camarade Rougon,
…
Les
sous-officiers du 111e de ligne,
La
compagnie d’artificiers coloniaux,
La
8e compagnie à leurs malheureux camarades,
Le
8e colonial,
Les
sous-officiers, brigadiers et canonniers du 3e régiment d’artillerie
coloniale au soldat Davayat, victime du devoir,
Les
sous-officiers, brigadiers et canonniers du 3e d’artillerie
coloniale, au soldat Rougon, victime du devoir,
La
2e compagnie du 111e à leur camarade Davayat,
La
2e compagnie du 111e à leur camarade Rougon,
La
4e compagnie à leurs camarades,
Le
Foyer du Marin et du Soldat,
La
ville de Toulon, couronne portée par deux agents de police,
Le
Revest aux victimes du mont Caume.
Citons aussi la modeste couronne
envoyée par la mère de l’infortuné Rougon qui, accablée de douleur, n’a pu
venir assister à la funèbre cérémonie.
Les
cercueils, enveloppés d’un pavillon tricolore, avaient été placés chacun sur
une prolonge d’artillerie attelée de six mulets et décorés de verdure et de
drapeaux.
À
côté de la première prolonge, sur laquelle se trouvait le corps de Rougon, marchait,
l’arme sous le bras, pâle et ému, le sergent Salvigni, qui commandait
l’escouade lorsque celle-ci fut environnée par les flammes.
Le
deuil était conduit par M. le général Mathis, commandant le 15e
corps, ayant à sa gauche le préfet du Var et à sa droite l’amiral Touchard.
Puis
le colonel Colle, commandant le 111e d’infanterie ; les
généraux d’Esclaibes et de Nays-Candeau ; l’amiral Fort préfet maritime
p.i. ; les amiraux Manceron et Campion ; MM. Reyss, sous-préfet de
Toulon ; P. Ferrero, député, rédacteur en chef du « Petit
Var » ; Escartefigue Marius, maire de Toulon ; Meiffret, maire
du Revest ; Petin, maire de
Les
membres du Conseil municipal de Toulon ; M. Hubert Durand, adjoint au
maire du Revest, et les conseillers MM. Marius Agarrat, Meiffret Testin,
Meiffret Joseph, Hermite Séverin, Teissère Ch., Mourian Baptistin ; le
garde champêtre Meiffret, le secrétaire de la mairie Fillal qui se distingua
dans la lutte contre le feu, et tous les hommes valides du Revest.
Environ
quatre-vingts ouvriers des Forges et Chantiers envoyés en délégation aux
obsèques de leur camarade Rougon.
Puis :
Les
autres compagnies du 111e avec leurs réservistes ; les
délégations du 17e bataillon d’artillerie ; du 3e
régiment d’artillerie coloniale ; de la 7e et de la 8e
compagnie d’ouvriers ; des 4e et 8e coloniaux ;
des gendarmeries maritimes et départementale ; les marins vétérans ;
des pompiers de la marine ; de la 15e section ; des
pompiers de la ville ; des équipages de la flotte et de l’escadre, etc.,
etc.
Au
milieu d’une foule immense et émue, le cortège a suivi la rue Nationale,
traversé la place de
Devant
la caserne Gouvion-Saint-Cyr, dont le pavillon était en berne, la garde sous
les armes rendait les honneurs.
À
la villa Désirée, M. le chevalier Burdèse, consul d’Italie, avait mis également
son pavillon en berne.
La
foule était encore nombreuse tout le long du faubourg du Pont-du-Las ; le
cortège arrivait à 9h40 au cimetière de Lagoubran sous un soleil torride.
Dans
le large carré, au centre duquel s’élève, sur l’ossuaire du Souvenir Français,
la statue en bronze de
Les discours
Le
képi à la main, M. le colonel Colle s’approche des cercueils des malheureux
Davayat et Rougon et d’une voix que l’émotion rend tremblante, il prononce
l’allocution suivante :
Ces
trois victimes que la fatalité a frappées d’une façon si terrible et que la
mort avait réunies, j’aimerais les voir ici tous les trois.
Nous
avons dû nous incliner devant une mère qui réclamait son fils. Nous l’avons
accompagné hier à la gare et déjà Gabriel dort en paix dans le cimetière de
Gémenos.
La
date du 23 août restera gravée au cœur du 111e. Sombre date où,
pleins de vie et de jeunesse, trois de ses meilleurs enfants lui ont été ravis.
Ils sont tombés comme sur un champ de bataille, car c’en était un, sur les
pentes escarpées du mont Caume, où les flammes se mêlaient au sifflement du
vent.
Pendant
trois jours, nuit et jour, les soldats des 3e et 4e
compagnies ont lutté contre le fléau. Ils pouvaient croire l’avoir maîtrisé.
Malheureusement le vent s’est relevé, les flammes se sont dressées de tous
côtés ; le danger avait à peine repris que les deux compagnies
s’élançaient à la lutte.
Au
premier rang, ils étaient là, Davayat, Gabriel et Rougon ; mais le fléau
vaincu une première fois a voulu prendre sa revanche. Les flammes arrivaient
rapides ; ils n’ont pu …
Il
y a eu sacrifice et abnégation. Ceux qui sont tombés n’ont pas été abandonnés,
car il y a des actes de courage et de dévouement à signaler.
Devant
une pareille catastrophe, notre devoir est de vous féliciter, vous tous qui
avez noblement accompli votre devoir et qui avez montré que vous avez à cœur
les sentiments et les traditions militaires du 111e de ligne.
Hier,
vous étiez sur les pentes abruptes du mont Caume et demain, si le danger
reparaissait, vous iriez partout où il s’offrirait pour accomplir votre devoir
avec une nouvelle énergie.
Sachons
suivre cet exemple, camarades du 111e de ligne et comme eux faisons
notre devoir sans bruit mais avec énergie.
De
toutes parts des marques de sympathie nous ont été témoignées ; à vous
tous qui avez accompagné ces militaires, à toutes les autorités militaires,
maritimes et civiles, je dis merci. À vous, jeunes gens, nobles victimes du
devoir, je vous adresse un dernier adieu. Vous avez vécu en braves gens, vous
êtes morts en héroïques soldats : à vous tous, je dis adieu.
M.
l’amiral Bellanger, au nom du Souvenir Français, dit qu’il ne prétend pas
consoler les malheureuses familles qui pleurent leurs morts. Il salue les
dépouilles des deux pauvres soldats, morts au champ d’honneur. Il espère que
leurs tombes seront souvent visitées par leurs camarades.
M.
Escartifigue, maire de Toulon, s’approche à son tour du bord de la fosse et
prononce les paroles suivantes :
Je
viens, au nom des populations de Toulon, du Revest, de
Comme
maire de Toulon, c’est mon douloureux devoir de venir exprimer l’émotion
cruelle profondément ressentie par tous nos concitoyens.
La
catastrophe a eu un écho douloureux dans notre ville où les enfants du 111e
de ligne sont des Toulonnais d’adoption : ils vivent et aiment dans notre
cité où on les accueille comme des frères.
Mais
pour mieux comprendre l’immense peine qui nous étreint, reportons-nous dans ces
foyers où l’enfant est pour jamais absent auprès de ces parents au cœur
meurtri, dont l’imagination éplorée voit en une cruelle vision les corps
affreusement tordus par ces flammes de leurs pauvres enfants aux … des
crispées, semblant vouloir chasser loin d’eux le fléau dévastateur.
Il
faut apporter des paroles de réconfort à ceux qui sont loin. À ces douloureuses
gens, j’apporte, au nom de la population toulonnaise, nos condoléances émues et
je leur dis que le souvenir de leurs enfants restera dans nos cœurs comme le
souvenir du devoir accompli, entièrement accompli.
Qu’ils
dorment en paix, eux qui ont aimé la patrie, par leur esprit de dévouement et
d’abnégation.
À
son tour, M. le préfet du Var s’approche et prononce l’allocution
suivante :
Le
soin de louer le courage, dit M. Raux, appartient aux officiers du 111e.
Je viens au nom du gouvernement, que je représente, au nom des populations
profondément attristées de ce département, rendre un dernier hommage à ceux qui
se sont sacrifiés pour nous.
La
mort si cruellement injuste, qui a ravi ces trois malheureux à la fleur de
l’âge, a … dans le département tout entier.
À
ces mots, la voix manque à M. le préfet du Var
Indisposé,
M. Raux chancelle. Il est soutenu aussitôt par M. le colonel Colle et M. Reyss,
sous-préfet de Toulon.
Conduit
dans les appartements du conservateur du cimetière, des soins lui sont
prodigués par M. le docteur Abelin, directeur du service de santé par intérim.
Hâtons-nous
d’ajouter que M. Raux a été quelques instants après remis de son indisposition
et qu’il a pu gagner Toulon en voiture.
Après
le départ de M. Raux, M. le général Mathis à son tour prend la parole en ces
termes :
Au
moment où je quittais Marseille, j’ai reçu le télégramme suivant du ministre de
« Je
vous prie de vous rendre immédiatement à Toulon pour me représenter
officiellement aux obsèques des malheureuses victimes. Vous voudrez bien parler
en mon nom et exprimer mes sentiments de profonde douleur et aussi la vive
reconnaissance pour nos héroïques soldats, morts au champ d’honneur, victimes
du devoir. »
Je
ne vois pas que je puisse ajouter quelque chose pour compléter la pensée du
ministre de
La
sympathie qui est témoignée à votre garnison doit être pour vous d’un précieux
réconfort. Faire son devoir sans arrière pensée et avec la seule satisfaction
du devoir accompli est le propre du soldat français.
C’est
pour moi un grand honneur d’être l’interprète du ministre de
Aux
parents, nous pouvons que leur donner nos témoignages de sympathie. Ils sauront
que l’abnégation de leurs enfants victimes de leur devoir, se perpétuera dans
les annales du 111e de ligne.
À
vous trois, adieu !
La
cérémonie est finie : les deux cercueils sont descendus dans la fosse, et
la foule lentement s’écoule dans un nuage de poussière ; le cimetière se
vide et bientôt il ne reste plus que les deux … de terre fraîchement
remués sous lesquels dorment à jamais
deux braves.
Et
plus haut que la statue symbolique érigée par le Souvenir Français, la cime
altière de la montagne homicide, qui
semble porter sur ses flancs calcinés le deuil de ces victimes du devoir,
veille sur les deux tombes creusées presque à ses pieds.
Petit incident
M.
Meiffret, le sympathique maire du Revest, qui, malgré son grand âge, sut en
cette pénible circonstance se montrer à la hauteur de sa tâche, n’a pu hier la
parole au cimetière pour dire, au nom de
la population du Revest, un dernier adieu aux malheureuses victimes :
l’émotion l’en a empêché et il a dû prier son collègue, le citoyen Escartefigue,
de parler en même temps au nom des deux villes.
À
l’issue de la cérémonie, un adversaire politique -adversaire malheureux- de M. Meiffret a cru devoir à ce sujet
prononcer quelques paroles désobligeantes : il semble que le tact le plus
élémentaire aurait dû imposer silence à ce politicien.
Les obsèques de Gabriel
à Gémenos
On
nous écrit de Gémenos :
Hier
matin, à 9 heures, ont eu lieu les obsèques du soldat Gabriel, victimes de son
dévouement à l’incendie du mont Caume.
Une
affluence considérable suivait le convoi. Le deuil était conduit par le père,
les oncles et beaux-frères du regretté défunt. Le cercueil disparaissait sous
les nombreuses couronnes offertes par la famille, par les officiers du 111e,
les camarades de la 8e compagnie et les amis de régiment de Gémenos.
La
musique et la fanfare de Gémenos ont joué durant tout le parcours des marches
funèbres.
Une
délégation de jeunes soldats et réservistes du 111e assistait aux
obsèques où furent également remarqués : M. Duverger, conseiller
général ; le maire de Gémenos, accompagné de son conseil municipal ;
M. Dumant, juge au Tribunal de Marseille ; M. Olivier, conseiller
municipal d’Aubagne ; M. Baille, receveur municipal, etc., etc..
Au
cimetière, le maire de Gémenos, a fait un discours et a terminé par un adieu au
jeune Gabriel, mort au champ d’honneur.
La
population s’est retirée fortement émue de cette imposante cérémonie qui
restera inoubliable dans notre ville.
L’incendie du
Mont-Caoume en 1906
Extrait du Journal
« L’illustration » -N° 3314 du samedi 1er septembre 1906
La semaine dernière, un
violent incendie s’est déclaré dans les forêts du Mont-Caoume, près de Toulon,
où il a sévi pendant trois jours, causant un véritable désastre, malgré la
promptitude et l’énergie des efforts multipliés pour l’éteindre ou tout au
moins le circonscrire.
Dés le début, le
sous-préfet avait pris, de concert avec les colonels de l’infanterie de ligne
et de l’infanterie coloniale, toutes les mesures que commandaient les
circonstances ; ils dirigeaient eux-mêmes les opérations entreprises par
les troupes réquisitionnées contre le feu qui, sous l’action du vent, gagnait
rapidement du terrain, dévorait bois et broussailles sur une étendue
considérable, atteignait les champs voisins, immense foyer éclairant, la nuit,
de ses lueurs sinistres, la ville et les faubourgs.
Fantassins, coloniaux,
artilleurs, marins de l’escadre, rivalisèrent d’endurance et de vaillance dans
cette lutte pleine de périls ; ils comptèrent de nombreux blessés et trois
d’entre eux devaient tomber, victimes du devoir.
Le 23, au soir, en
combattant le fléau qui redoublait d’intensité entre la commune du Revest, le
hameau des Pomets et le fort du Mont-Caoume, les soldats Rougon, originaire de
La famille de Gabriel
ayant réclamé son corps, on fit à ses deux camarades d’imposantes funérailles,
en présence d’une foule énorme, des troupes sous les armes, des autorités
civiles et militaires et du général Mathis, que le ministre de
Ce même jour, 25 août,
le feu s’éteignit enfin, et l’on pouvait se rendre compte de l’importance des
dommages matériels. Des petits propriétaires, des paysans ont eu leurs
récoltes, leurs oliviers, leurs vignes, leurs vergers complètement détruits. La
commune du Revest a perdu