Entretien avec Mme Roché Yvette

 

Née à Toulon, je suis partie à l’âge de 17 ans d’abord à l’Ecole normale de Draguignan (de 1941 à 1944), puis de Nice (de 1944 à 1945). Mon premier poste, c’était à Montfort sur Argens (1945-46), puis  Hyères, La Crau, La Farlède.

En 1953, j’ai obtenu ma mutation au Revest Les Eaux où je suis restée jusqu’en 1962 : j’enseignais en Cours élémentaires 1 et 2 et j’étais directrice.

De 1962 à 1972, j’étais directrice à l’école primaire de Saint Roch. C’est à l’école du Pont Neuf que j’ai terminé ma carrière (1972-1979) à 55 ans.

Je suis venue au Revest par hasard. Je cherchais un poste d’institutrice logé et proche de la mer : en vain. Il y avait un poste vacant à Lagoubran où il y avait les poubelles de la ville de Toulon entreposées à ciel ouvert. Quand, avec mon mari, nous avons visité cette école, elle était envahie de mouches !

Nous avons cessé immédiatement notre visite et sur la route du retour nous avons vu un panneau « Le Revest ». Sachant qu’un poste d’instituteur était vacant, nous avons suivi l’itinéraire indiqué par ce panneau. Notre moto n’avait pas assez d’essence et dans la montée vers le Revest, ce fut la panne. M. Bègue, cantonnier du Village, passant avec son véhicule, nous a dit : « Ho, les jeunes, il vous arrive quoi ? » et sortit de son camion un bidon d’essence. C’était notre première rencontre avec un Revestois. L’appartement réservé pour ce poste d’instituteur était libre : j’ai accepté immédiatement la mutation.

En classe, les débuts ont été difficiles. Si tout se passait bien avec le maire, M. Simonetti, ce n’était pas simple avec les enfants qui n’avaient pas l’habitude de travailler et qui étaient très indisciplinés. Parmi mes collègues, il y avait Marius Aubert qui venait de créer l’Amicale laïque. Il organisait de nombreuses activités avec les parents : représentations théâtrales  où jouaient les Revestois, sports (basket, football,…). Ces activités régulières m’ont permis de rentrer en contact avec les parents de ces élèves turbulents, et cela a amélioré le comportement des enfants : en un an, tout était devenu normal en classe.

L’école avait une cantine où les enfants pouvaient amener leur nourriture qu’ils faisaient chauffer autour du poêle. C’était Mme Laure qui s’occupait de ce poêle. Les murs de la cantine avaient été décorés par M. Giacobazzi, M. Flori et mon mari.

 Dans cette école, il y avait des encriers et des porte-plumes avec des plumes « Sergent-Major ».

C’est dans l’annexe de la cantine que fut installée, dans le Village, la première télévision. Les enfants pouvaient voir des émissions dans la journée. Le soir (tous les soirs) était réservé aux parents. La petite salle était comble lors des combats de catch, et nous avons mis un certain temps avant de savoir que ces combats étaient arrangés !

Un soir, des enfants, interdits donc de télévision car c’était le soir, ont tenté de voir la télévision en montant sur le toit de l’annexe de la cantine : le toit n’a pas résisté, l’un d’entre eux (sans se blesser) a traversé toiture et plafond avant d’atterrir sur le sol de l’annexe. C’est un éclat de rire général qui a salué « l’exploit ». A la mairie, on a moins ri puisqu’il a fallu payer les réparations. Nous tairons volontairement le nom du cascadeur, mais M. Casalini Francis (par ailleurs adorable) pourrait nous donner quelques détails supplémentaires …

En classe, les élèves avaient de bons résultats et je n’ai que de bons souvenirs : je suis toujours émue quand ces enfants devenus très grands viennent m’embrasser pour me dire bonjour. Notre école laïque est remarquable, celle du Revest est particulièrement remarquable.

 

Noms des instituteurs ayant enseigné avec Mme Roché au Revest les Eaux : M. Aubert Marius, Mlle Payen (puis épouse Bizzaro), M. Isnard, Mme Flori, M. Rocchi, M. Germond, M. Givaudan, Mme Villard, Mme René et M. Menez.

 

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