LA TAPENADE

par Lucius Iunius Moderatus dit Columelle (1)

Agronome romain du 1er siècle

 

 

 

Par un temps serein, on cueille l’olive noire très mûre ; on l’étend à l’ombre sur des roseaux pendant un jour, et on rejette tous les fruits gâtés. S’il est resté quelques queues, on les enlève ainsi que les feuilles et les petites branches qui se trouveraient mêlées.

 

Le lendemain, on crible soigneusement afin de faire disparaître ce qu’il y a d’ordures. Puis on met les olives broyées dans un cabas neuf que l’on soumet à l’action du pressoir pour que l’huile s’écoule pendant la nuit.

 

On jette cette pâte sous les meules bien nettoyées, et assez suspendues pour ne pas briser les noyaux ; quand elle est réduite en bouillie, on y mêle avec la main du sel torréfié et égrugé, et d’autres assaisonnements secs, c’est-à-dire du fenugrec, du cumin, de la graisse de fenouil, de l’anis d’Egypte.

 

Il suffira, au surplus, d’employer autant d’hémines de sel que l’on a de modius d’olives, et de verser dessus de l’huile pour que la composition ne se dessèche pas ; ce qu’on devra faire, du reste, toutes les fois qu’on remarquera qu’elle commence à se sécher. Il est hors de doute qu’elle sera d’un goût exquis si elle provient des posées. Mais ce bon goût n’a plus de deux mois de durée.

 

Les autres variétés d’olives les plus propres à ce condiment sont les licinies et les culminées. Cependant, on préfère pour cet emploi les olives de Calabre, que quelques personnes appellent oléastelles, en raison de leur ressemblance avec le fruit de l’olivier sauvage.

 

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(1) Lucius Iunius Moderatus dit Columelle est un célèbre agronome romain du milieu du 1er siècle, né à Cadix en Hispanie Bétique.


Il vécut sous le règne de l'empereur Claude. Après quelques années passées dans l'armée, où il put occuper le poste de tribun en Syrie en 35, il prend sa retraite et se dédie à l'agriculture. Il était grand propriétaire terrien et dirigeait lui-même l'administration de ses biens. Pour se perfectionner, il avait voyagé dans les différents pays de l'empire romain afin d'en connaître les productions et les différentes méthodes de culture : en Espagne, sa patrie, mais aussi en Italie, en Asie et en Afrique. Il se fixa ensuite à Rome pour rédiger son oeuvre.

Son œuvre « Rei rusticæ libri » en douze volumes a été composée vers l'an 42 et préservée. Son thème principal est l'agriculture et l'exploitation des latifundia à l'époque Romaine. Avec les travaux de Caton l'Ancien, sa principale inspiration, elle représente la source la plus importante d'information sur l'agriculture romaine. Il est aussi auteur du « Liber de arboris », œuvre plus réduite sur les arbres.