Le charbon de bois :
Le charbon de bois a été pendant longtemps le
combustible indispensable pour l’industrie locale, la cuisine et le chauffage.
Il était obtenu par carbonisation du chêne vert (tousca ou tousquo)
coupé de frais. Les charbonniers (carbouniés) pouvaient être
d’abord bûcherons (bouscatiés). Les coupes se faisaient à la
hache (destrau) et à la scie (loube). Le bois coupé
était transporté vers la charbonnière :
·
à dos d’homme
avec l’aide d’une fourche en bois appelée « âne » (aï),
·
avec un petit
traîneau de bois appelé « tirasse ».
Ainsi nos collines étaient régulièrement déboisées
tous les 15 à 20 ans.
La meule :
Cet
empilement de bois était méthodiquement installé de préférence :
·
sur une surface
plate et stable,
·
au creux des
vallons afin de ne pas subir les effets désastreux du mistral qui pouvait
anéantir plusieurs jours de travail en enflammant la totalité de la meule,
·
sur une aire non
inondable lors d’orages violents.
La meule était construite autour d’une cheminée
centrale qui servait à alimenter le foyer avec du petit bois (les rataillons).
Le bois à carboniser était soigneusement positionné. L’ensemble était enrobé de
branchages, de feuilles et de terre. Quelques aérations étaient prévues afin de
maîtriser le tirage du foyer.
Le feu qui couvait dans la meule était surveillé nuit
et jour par le charbonnier. Selon les couleurs des fumées, il fallait ouvrir ou
fermer les évents avec de la terre. Lors de l’allumage de la meule, une épaisse
fumée blanche s’échappait par la cheminée centrale. Après quelques jours, la
fumée prenait une couleur tintée bleue, puis devenait transparente et cela
grâce à l’utilisation habile des évents.
La carbonisation jugée terminée, il fallait laisser
refroidir la meule 2 à 3 jours. Puis elle était ouverte avec un bêchard à 2
dents (magàou) et le charbon de bois définitivement éteint avec
de la terre fine, parfois de l’eau. Le charbon était trié, mis dans des couffes
et transporté à dos d’âne.
Pour obtenir une tonne de charbon de bois, il fallait
entre quatre tonnes et six tonnes de chêne. La qualité du bois (siccité), la
compétence, la technicité et la vigilance du charbonnier expliquaient cet
écart.
Le charbonnier :
C’était souvent un ermite qui vivait toute l’année
dans nos collines. Son métier demandait une compétence qui a toujours exigé un
long apprentissage. Le charbonnier surveillait sa meule nuit et jour. Il
construisait, à côté de la charbonnière, une petite cabane dans laquelle il dormait.
Cette cabane était sommairement bâtie avec quelques pierres sèches pour les
murs et des branchages pour le toit. Il avait souvent avec lui un âne pour
porter divers objets dont son eau et sa nourriture et une chèvre qui lui
donnait du lait frais.
Dans le Grand Cap, les charbonnières à
couverture de terre ont été remplacées pendant la seconde guerre mondiale par
des chaudrons métalliques dont certains sont encore visibles.
Sources :
supplément n°10 des Publications de l’ASER Centre Var – 2003
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