La chasse et le Revest les Eaux
La chasse est un acte naturel. Et il n’est pas utile
de remonter à la préhistoire pour rappeler que cette pratique a toujours été
courante au Revest les Eaux. Cet acte libre rapproche l’homme de la nature et
on ne peut pas ignorer qu’il y a eu une évolution fondamentale :
aujourd’hui le chasseur est devenu gestionnaire de la faune sauvage, donc
écologiste. Cela est dû à notre histoire récente, récente car depuis
l’abolition des privilèges (nuit du 4 août 1789) :
« Le droit exclusif de la chasse et des
garennes ouvertes est aboli, et tout propriétaire a le droit de détruire et de
faire détruire, seulement sur ses possessions, toute espèce de gibier. »
La noblesse vient de perdre définitivement un
privilège. Les citoyens peuvent chasser sans être coupables de braconnage et
détenir une arme en toute impunité.
Le chasseur contemporain pratique cette activité selon
des lois et règlements très encadrés qui vont progressivement le
transformer en gestionnaire:
-
1790 : loi d’exercice de la chasse,
-
1797 : création des gardes champêtres et des gardes
privés,
-
1797 : destruction des animaux nuisibles, bêtes
sauvages et dangereuses (battues administratives dans les forêts domaniales),
-
1804 : code civil (Napoléon), suppression du droit
d’aînesse et partage des propriétés entre tous les héritiers,
-
1844 : loi sur la chasse avec mise en place des dates
d’ouverture et fermeture de la chasse,
-
pendant le
19ème siècle, regroupement volontaire
des territoires de chasse,
-
1952 : introduction de la myxomatose en France,
terrible maladie. Il s’agit là d’un tournant important dans notre pays. Le
virus de la myxomatose va détruire rapidement les lapins de garenne. Ce virus a
été découvert en Uruguay en 1896. Parce qu’il a un spectre d’hôtes très étroit
et une innocuité pour l’homme, il est utilisé pour lutter contre la
prolifération des lapins en Australie (1950).
La myxomatose est introduite en France
(en Eure et Loire) en 1952 par le docteur Armand Deville. Cette épizootie se
répand très rapidement dans toute l’Europe et provoque la mort de 90% des
lapins de garenne.
Ce virus appartient à la famille de la
varicelle. Après 2 à 5 jours d’incubation, les lapins présentent une conjonctivite
purulente. Ils meurent 4 ou 5 jours après.
En 1952, la myxomatose a eu des effets
secondaires. Les renards, principaux prédateurs des lapins, ont dû trouver
d’autres proies ou mourir. Les chasseurs qui chassaient les lapins, alors en
grand nombre en France, ont dû intensifier l’élevage de gibiers de repeuplement
(faisans, perdreaux et lièvres). Mais les biotopes ne convenaient pas
systématiquement. Les chasseurs ont alors tenté d’introduire d’autres lapins
comme les sylvilagus (ou lapins d’Amérique) :
les acclimatations se sont révélées impossible. Puis les chasseurs ont tenté de
vacciner les lapins contre ce virus en utilisant des seringues ou des puces
porteuses de l’antivirus : en vain. La myxomatose reste implacable et
désastreuse.
Alors, aujourd’hui, la chasse s’organise
plus particulièrement autour d’autres gibiers naturels tels que les oiseaux de
passage (grives, bécasses) ou le gibier d’eau et surtout vers les grands
animaux qui, grâce aux plans de chasse et à la réintroduction, sont en forte
augmentation : par exemple, après le chevreuil, le chamois vient d’être
introduit dans le massif de la Sainte Baume.
-
1963 : loi sur l’équilibre agro-sylvo-cynégétique
(gestion des grands animaux, plan de chasse, indemnisation des dégâts de
gibier, interdiction du droit d’affût),
-
1964 : loi Verdeille, mise
en place des Associations Communales de Chasse Agréées par un regroupement des
territoires de chasse : c’est la première loi de protection de la nature,
-
1976 : loi sur la protection de la nature, espèces et
espaces protégés, réserves naturelles, liste des espèces chassables,
-
1990 : Groupement d’Intérêt Cynégétique,
-
2000 : loi chasse du 26 juillet, définition de l’acte
de chasse, organisation des fédérations, droit d’opposition dans les ACCA,
mesure de sécurité, pas de chasse le mercredi,
-
2003 : loi chasse du 30 juillet, abandon du mercredi
sans chasse, caractère associatif des fédérations renforcé, législation de la
chasse de nuit du gibier d’eau,
-
2005 : loi sur le développement des territoires
ruraux, « (les chasseurs) participent au développement des activités
économiques et écologiques dans les milieux naturels, notamment dans les
territoires à caractère rural ».
Le
permis de chasser
Il s’agit là d’une autre étape importante de la mise
en place d’une régulation encadrée. Pour obtenir le droit de chasser, le
Parlement a institué, en 1976, un examen préalable obligatoire dès l’âge de 15
ans. Le programme a évolué et aujourd’hui, il faut franchir 2
étapes :
1- Une épreuve théorique comprenant 21 questions
abordant 4 thèmes suivants :
·
connaissance de
la faune sauvage, de ses habitats et des modalités de leur gestion,
·
connaissance de
la chasse,
·
connaissance des
armes et des munitions, de leur emploi et des règles de sécurité,
·
connaissance des
lois et règlements relatifs aux matières qui précèdent.
2- Une épreuve pratique (uniquement après avoir réussi
l’épreuve théorique) :
·
évolution sur un
parcours de chasse simulé,
·
épreuve de tir
sur plateaux d’argile et transport d’une arme de chasse,
·
épreuve de tir à
l’arme rayée (carabine approvisionnée avec balle plastique) sur sanglier
courant pour tireur posté en battue.
Gestion
de la faune sauvage au Revest Les Eaux
Au Revest les Eaux,
les chasseurs ont construit de nombreux points d’eau et entretiennent de
nombreuses emblavures où sont plantés différents blés. Il est régulièrement
pratiqué des lâchers de repeuplement de lièvres, de lapins et de perdreaux. Le
Mont Combe est un lieu privilégié pour les perdreaux, les sangliers, les grives
et les merles. A cause de la myxomatose, les lapins ont disparu.
Ce sont les chasseurs revestois
qui ont mis en place le Comité Communal des Feux de Forêts, sous la
responsabilité de M. Vidal (maire), de M. Quadruppani
André (président départemental des C.C.F.F. varois), de M. Marini Jean-Marie
(président de la société de chasse du Revest les Eaux) et de M. Cullioli Raoul. Les C.C.F.F. ont servi d’exemple au
« Réseau prévention incendie » mis en place par la Fédération varoise
de chasse après les violents incendies de 2003 : dès que le « Plan
alarme » passe à la couleur rouge, les chasseurs participent
officiellement à la surveillance des forêts contre les incendies.
Mais l’excellente référence en gestion de la faune sauvage
revestoise, c’est l’arrêté pour la protection du Mont
Caume, arrêté plus particulièrement publié afin de
protéger le dernier couple d’aigles de Bonelli dans
le Var. Les chasseurs revestois, en participant
activement à la commission qui a conseillé le Préfet du Var, ont permis la
réalisation d’une décision administrative appréciée de tous. L’arrêté
préfectoral du 6 juillet 1993 interdit les falaises du Mont Caume
afin de permettre la reproduction d’oiseaux protégés par la loi :
·
Aigle de Bonelli,
·
Faucon
crécerelle,
·
Hibou grand-duc,
·
Martinet alpin,
·
Hirondelle de
rochers,
·
Hirondelle rousseline,
·
Merle bleu,
·
Merle de roche.
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au Château de La Ripelle"