La stèle du mont Caume
Par Roland Vernet
(Extrait du Bulletin 33 -sept 2002- Amis Vieux Revest)
Le
promeneur curieux ne manquera d’être surpris par cette colonne blanche
(altitude
Par
le talus, il est facile d’y accéder en quelques pas sur de petits blocs de
rocher empilés mais stables. La colonne, qui semble cassée, repose sur trois
assises parallélépipèdes de base carrée, la plus grande servant de socle à
l’ensemble que le temps a patiné. C’est un monument funéraire ; la
colonne, tronquée par le marbrier, symbolise l’élan de vie brisé. C’est en
effet non pas une vie mais trois jeunes vies qui disparurent à cet endroit précis,
dans l’après-midi du 23 août 1906, lors de la lutte acharnée des soldats du 111ème
régiment de ligne, venus de Toulon, contre l’incendie qui ravageait le mont
Caume depuis la veille et menaçait le Revest. Les soldats furent obligés de
battre en retraite précipitamment, poursuivis par les flammes ; asphyxiés
par la fumée, trois des leurs furent happés par l’incendie ; le journal de
l’époque, relatant les faits, a décrit avec précision l’état dans lequel furent
retrouvés les trois hommes.
Ce
monument commémoratif a été érigé sous l’égide de l’association patriotique
« Le Souvenir Français » cependant que la municipalité du Revest
avait décidé dans sa séance du 6 septembre 1906 « l’érection au chemin du mont Caume ou sur une place publique du Revest
d’une pierre tumulaire. » Ce monument portant sur une plaque les noms
des trois soldats victimes de leur devoir fut inaugurée sur la place du Coudon,
actuellement place du général Leclerc, le 25 août 1907 ; le 15 décembre
1987, la municipalité a fait ajouter la longue liste des noms des
sapeurs-pompiers du département morts en combattant le feu ou en service
commandé. Pour honorer la mémoire des trois combattants morts en 1906 sur les
flancs du Caume, le Souvenir Français fît placer une stèle sur les lieux mêmes
de l’accident. Cette pierre a été réalisée par le Génie Militaire sous la
direction de S. Broquier, Officier d’Administration du Génie, ce que nous
révèle l’inscription gravée au bas du socle inférieur, face nord (S. BROQUIER,
OFFR. D’AD2 … DU GÉNIE); ce qui est gravé après 2 est illisible ; est-ce
« classe » ? D’où « officier d’administration de 2ème
classe » ? Sur la face sud du socle intermédiaire, la dédicace
funéraire a été gravée en lettres capitales et en ces termes :
LE SOUVENIR FRANÇAIS
Á
DAVAYAT ANTOINE
ROUGON EUGÈNE
GABRIEL APPOLIBAIRE
SOLDATS AU IIIE DE LIGNE
MORTS EN CE LIEU VICTIMES DU DEVOIR
DANS L’INCENDIE DU 23 AOÛT 1906
Ces
soldats appartenaient à la 3ème compagnie commandée par le capitaine
Michel, casernée à la caserne Gouvion-Saint-Cyr, à Toulon. Au matin du 25 août,
le colonel Colle adressa à ses hommes l’ordre du jour
suivant : « Le colonel
commandant le 111ème d’infanterie adresse au nom du régiment un
salut respectueux aux trois victimes de l’incendie du mont Caume. Ils sont
morts en accomplissant leur devoir (…) Il adresse aussi ses félicitations aux
officiers, sous-officiers et soldats des 3ème, 4ème et 5ème
compagnies (…) Il est décidé qu’une plaque commémorative en l’honneur des victimes
de l’incendie du mont Caume sera placée au quartier en souvenir de leur belle
conduite. »
Ces
jeunes hommes, âgés d’une vingtaine d’années, étaient de la région :
· Davayat Antoine, soldat de 2ème classe, né le 15 août
1883 à Aulnat (Puy de Dôme) ; habitait Ollioules.
· Gabriel Apollinaire-Gustave, soldat de 2ème classe, né
le 24 août 1884 à Gémenos.
· Rougon Eugène-Marie-Rémy, soldat de 2ème classe, né le
1er octobre 1882 à Ollioules ; habitait
Passant, souviens-toi.