SOCIÉTÉ DES AMIS
DU VIEUX REVEST ET DU VAL D’ARDÈNE
Bulletin numéro
11 – 1989
LES RENARDS ET LA RAGE
On détruit les futurs malades pour enrayer la maladie
Entrée
en France depuis seize ans, la rage des renards est désormais installée dans une vingtaine de départements. On
y détruit systématiquement les renards (par gazage,
piégeage, tir de nuit ou déterrage). On les détruit aussi dans vingt
autres "départements menacés en aval
du front". Cette épizootie n'a pas encore causé la moindre mort d'homme en France: les seuls décès constatés concernaient
quelques personnes contaminées à l'étranger par des
chiens errants (le dernier cas, à
Toulon, en août 1982). Il est presque impossible d'attraper la rage sans contact direct avec un animal infecté: le virus rabique ne
résiste pas à l'exposition à l'air, mais reste longtemps
actif dans les cadavres. Un renard enragé
peut être aussi dangereux mort que vivant. Lors de son agonie, il est parfois affectueux, voire attendrissant, mais il bave sans
cesse. Des experts ont calculé que sa salive contient
assez de virus pour contaminer soixante six millions
de ses congénères (l'espèce vulpine est la plus vulnérable
de toutes). Il est rare que des humains avertis entrent alors en contact avec lui, mais les enfants peuvent s'y laisser
prendre, et les chiens et chats doivent être très surveillés (et
vaccinés) dans les zones contaminées ou suspectes: les propriétaires
d'animaux familiers peuvent, sans le savoir,
héberger la menace à domicile. On conseille également aux paysans d'immuniser leur bétail. Causée par un virus long
de 0,1 à 0,3 micron, qui remonte les fibres nerveuses jusqu'au cerveau, la rage
est toujours mortelle lorsqu'elle atteint
l'encéphale, après une incubation qui dure de
quinze jours à trois mois (selon la distance à parcourir entre la zone inoculée et le crâne). Efficace à 100 pour 100, le
traitement vaccinal (cinq injections en quatre semaines) de toute
personne ayant encouru une contamination (la
morsure n'est même pas nécessaire) doit donc prendre le virus de vitesse. Cinquante-deux centres spécialisés
pratiquent les injections selon les directives de l'Institut
Pasteur à Paris. Il est trop tard pour
intervenir lorsqu'apparaissent les premiers symptômes:
le sujet souffre tout d'abord d'une grande anxiété, de
chagrin et de démangeaisons. Puis la maladie
peut s'exacerber selon trois variantes: agitation (avec douleur, terreur et sueurs), fureur (avec violences et
insensibilité) ou paralysie (avec tremblements). Enfin entrée
en coma mortel. La destruction des renards est également
pratiquée en Allemagne et prévue en Grande-Bretagne,
en cas de contamination. Elle est toujours contestée par les écologistes qui estiment qu'elle n'a jamais enrayé la
maladie. Les ministères concernés soutiennent qu'il n'y a
pas d'autre solution pour limiter les risques
humains: vingt-cinq fois plus coûteuse que la destruction,
la vaccination des renards ne se pratique qu'en Suisse, où les gardes-chasse ont beaucoup de mal à procéder aux
injections et rappels sur les renardeaux ...
qu'il faut d'abord capturer vivants.
Le
centre de Nancy a aussi expérimenté la vaccination par voie buccale (en liaison avec les chercheurs allemands de
Tübingen): on fait aisément absorber aux renards des capsules de
virus atténué dissimulées dans des appâts.
Hélas, si les renards sont alors bien protégés, les rongeurs, qui mordent aussi dans ces appâts, attrapent,
eux, la rage pour de bon. Et les renards immunisés, devenus
"porteurs sains" du virus, peuvent le transmettre
à d'autres animaux, ce qui, loin d'écarter le danger, le disperse et le dissimule.
Les renards au Revest-les-Eaux
Les
collines revestoises sont parfaites pour accueillir
les terriers qui sont toujours de préférence sur
les versants ensoleillés. Maître Goupil est
sédentaire et reste dans un rayon de 5 à 6 km autours du terrier. Cet animal n'a pas quant à son milieu d'exigences
particulières. Il est bien établi dans la commune où il se
nourrit de charognes, d'ordures, de chats,
de rats et de souris. Il vit donc de plus en plus près des habitations.
Les
expériences faites dans les élevages démontrent la grande fécondité des femelles qui peuvent porter une
dizaine de fœtus. La suite dépend des conditions de nutrition et
si celles ci sont mauvaises les nouveau-nés
meurent peu de jours après leur naissance; il peut y avoir 50 pour 100 de mort-nés.
Les
chasseurs de la commune, en tuant entre cinq et dix renards par an, n'interviennent absolument pas dans un
quelconque déséquilibre car par ailleurs, il n'y a pas
réduction du potentiel de nourriture. Au
printemps, les renardeaux qui grandiront viendront immédiatement remplacer les renards tués.
Au
Revest, cet animal n'est pas porteur de rage, mais peut être porteur d'une maladie contagieuse pour le chien et
parfois l'homme: la leishmaniose (parasites des globules blancs).
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