Le
Revest créa l’Artiste
par
Charles Aude (1)
Tous mes collègues de la Commission Culture et
du Conseil Municipal sont heureux de présenter avec moi ce soir l’exposition Dufresne
et Dionisi, intitulée : « Le Revest créa l’Artiste ».
Ne voyez pas dans ce titre un signe de
prétention ou de vanité, mais plutôt une façon pour nous, jeunes et anciens
élus, qui avons à définir et à conduire une politique culturelle pour le Revest, de faire le point et de poser des jalons pour
l’avenir.
Pourquoi « Le Revest créa l’Artiste »
Selon ce que veulent bien signaler les médias
lorsqu’ils parlent de notre Village, il y a une faille ou plutôt une « draille » à suivre pour comprendre
ce titre. Les étapes en sont connues. Cela a commencé, il y a trente ans, par
le travail et la présence magique de certains. Depuis
le Revest est parfois appelé « le Village des
Peintres ». Mais au Revest, il n’y a pas que des
peintres comme artistes :
Giacobazzi (encore
toulonnais), Trofimoff, Dufresne, Arride, Sardi, Baboulène, auxquels il faut ajouter « Le Cyprès » de Nervat
et Dionisi, le « Saraillon » de Decaris et bien sûr la
« Mastaba » de Marius Echevin.
Est-ce cette lumière particulière ? Est-ce
ces couleurs et ce paysage attirants ? Est-ce le travail entrepris depuis
trente ans par Pierre Trofimoff, Alphonse Sauvaire et Michel Dufresne justement ? Tout cela ne
suffit pas pour comprendre.
Et que signifie « être le village des peintres » aujourd’hui ?
Quel doit être notre rôle par rapport au marché de l’art, au travail de
recherche et de découverte des artistes ?
« Le Revest créa
l’Artiste », et cela aurait pu être le titre générique de toutes
les expositions de l’été, particulièrement de la biennale honorée par Baboulène.
Ce sont donc toutes nos interrogations à un
moment où notre Commune se dote de nouveaux atouts comme cette salle
polyvalente en construction dont nous espérons beaucoup et toute notre fierté
de ce qu’est et de ce qu’a su rester notre Village.
Au départ, il s’agissait de fêter les 25 ans de
peinture de Michel Dufresne, dans l’atelier de Fontanieu,
de réaliser avec lui ce que peut être la « Révolution Dufresne »
qu’il appelle de ses vœux dans le petit texte qu’il a écrit pour cette exposition.
Car nous sommes convaincus que cette révolution (tranquille comme son homme) a
lieu tous les jours tant sont riches les capacités et la production de Dufresne
dont témoignent aujourd’hui (après le
« Nu Rose » exposé lors de la biennale) ces iris, ces
géraniums et cette « conspiration des citrouilles » qu’aucun
instituteur ne songerait à faire faire dans cette cour d’école !
Dufresne qui sait improviser sur des notes de
jazz pour saluer ces « droits de l’Homme » que nous
fêterons aussi demain au Revest, s’attache à
réfléchir sur l’art créateur. Dufresne avait bien le droit de planter ici son
drapeau plein de couleurs et même celui de nous dire, dans un graphisme très
pur, que 200 ans après 1789 et l’abolition du droit féodal de la chasse, la
grande liberté à respecter c’est aussi celle des oiseaux de nos collines.
Dans ces collines, Dionisi
a planté lui, pendant trente ans, son drapeau à « tête de Maure » qu’il faisait flotter l’été au-dessus du
« Cyprès», propriété du docteur Chabaneix, où son fils Philippe et sa belle-fille Germaine
recevaient les peintres, les graveurs, les sculpteurs et les poètes.
Cet homme se « battait avec la lumière » (comme dit Pierre Trofimoff), et recherchait à travers les tâches d’humidité
de la nuit qui se déposait sur du papier blanc une réelle communion avec la
nature. Il était important que le Revest présente ces
dessins « autour du Cyprès »,
imprégnés de la blancheur de nos pierres et de la tourmente de nos oliviers.
Comme la détermination de nos roches
calcaires, comme le coup de burin de graveur de son ami Decaris,
le coup de pinceau de Dionisi était franc.
Il fallait à Dionisi
un grand amour de notre terre pour parler avec cette justesse qui nous frappe.
Alors « Le Revest
créa l’Artiste », c’est notre façon de dire que nous attendons
beaucoup de ces artistes, comme nous attendons beaucoup de tous ceux qui ont
quelque chose à dire, en faisant avec génie le lien entre leur imagination et
leurs mains. Leur volonté de créer sera ici toujours le signe de notre désir
d’humanité.
(1) Discours du 19 août 1989 de Charles AUDE, Conseiller municipal du Revest Les Eaux.