LA SOURCE
DE LA RIPELLE
par
Roland VERNET
C’est un lieu de promenade très prisé car on entre
dans un cadre sauvage encore protégé ; les flancs de la colline des Argériès que la piste a contournée par le sud et les
hauteurs de la Vieille
Valette se resserrent ; le lit du ruisseau, qui peut
devenir torrent violent au moment de grandes pluies, se creuse cependant que le
chemin s’élève en pente douce. Le chemin d’origine va en
ligne droite du château à la source par un collet, toujours en territoire revestois alors que la large piste qui suit le ruisseau est
sur la commune de La
Valette. D’après la carte, la limite de commune passe entre
la source et le réservoir construit à trente mètres en aval.
La source
La source est toujours active. Son eau sort d’une galerie
creusée pour la capter ; les parois sont brutes ; l’eau court sur un lit
rocheux et elle est recueillie dans un petit bassin qui la freine avant qu’elle
sorte à l’air libre. Naguère une grille aux barreaux épais, cadenassée, fermait
l’entrée.
Depuis peu, une porte métallique avec serrure de
sûreté obture la petite entrée ogivale (1m de haut sur 0,90 la large) à
l’encadrement de briques recouvert en partie par une couche mortier. En 1768,
le cadastre évoque déjà cette « galerie creusée dans le roc ». Pour
accéder à cette porte, il faut suivre le fond d’une gorge étroite de 60 à 70 cm de large et profonde par endroits de plus
de 4 m
ouverte de main d’homme dans une barrière rocheuse ; on voit des marques
de barre à mine.
Le CD-ROM
« les cavités du Var », de MM J.P. Lucot et
Ph. Jubault, édition 2002,
décrit ainsi les lieux : « Après une dizaine de mètres dans une
galerie basse, en marchant les pieds dans l’eau, on arrive à une étroiture
sévère et aquatique. Ensuite, une petite salle amène à un boyau d’une
quarantaine de mètres, obstrué par des dépôts argileux et sableux. »
La source se trouve à proximité du réseau du gouffre de La Ripelle
que Monsieur Philippe Maurel a exploré. Il pense que «
la source de La Ripelle est vraisemblablement un exutoire
du siphon situé au fond du gouffre. »
Cheminement de l’eau
L’eau sort de
la galerie, suit un canal de section rectangulaire, protégé par
des dalles de ciment, au fond de la gorge.
Puis elle arrive dans un petit bassin,
peu profond, en forme de baïonnette, s’évasant progressivement vers l’aval, qui
ralentit son mouvement. Un tuyau de fonte de 20 mm de section prend l’eau
du bassin et la conduit jusqu’à un autre petit bassin carré (60 x
60) fermé par un couvercle de tôle amovible, construit juste à l’entrée d’un
tunnel et à un mètre plus haut, sur un épaulement terreux renforcé par un mur
de pierres ; cette dénivellation accélère le mouvement de l’eau dans le
tuyau branché à la base du bassin. L’eau traverse ce tunnel par
une canalisation de fonte de 20. À une centaine de mètres de la sortie ouest du
tunnel, on trouve un petit bassin de rétention, quadrilatère
irrégulier, de 2,50m de
profondeur ; il recevait l’eau sortie du tunnel. Celle-ci était canalisée
jusqu’au bassin du château
Le domaine de La Ripelle recevait son
eau d’irrigation par gravitation (altitude de départ 220m, altitude d’arrivée
140m, pour un parcours de près de 1200m de long. Après ce bassin, il subsiste,
sur une centaine de mètres, les vestiges d’un aqueduc enterré à fleur du sol,
recouvert de petites dalles de pierres.
Le tunnel
La colline des Argériès
faisant écran il a fallu creuser un
tunnel d’environ 100 m
de long (estimation faite avec la carte, la traversée pouvant présenter des
dangers) pour que l’eau captée puisse passer sur l’autre versant. Quand on
arrive à proximité de la source, on découvre l’entrée du tunnel. Une solide grille
la protégeait. Maintenant elle est dégondée et un seuil de béton détourne
l’excédent d’eau vers le chemin d’accès, rendu peu praticable de ce fait, mais
la galerie n’est plus inondée. Elle a été creusée dans la colline et les parois
ont été laissées à l’état brut. La voûte est arrondie. Les entrées en
arcades, larges de 65 cm
et hautes de 1,60 m,
ont été soignées : pieds droits et claveaux sont en pierre de taille et en
briques. Une canalisation en fonte (tuyau de 20) traverse
totalement le tunnel, en longeant sa paroi nord ; elle est branchée sur le
petit bassin construit à l’entrée, et elle est supportée, à intervalles égaux,
par des plots de béton. Il reste suffisamment de place pour qu’un agent
d’entretien puisse se déplacer sans encombre le long du tuyau.
Un bassin
De
grandes dimensions (10m x 20m, par 2,70m de profondeur, soit 540 m3), il a été construit
à 20 m de
la source, en face du tunnel ; il servait de réservoir, recueillant le
surplus des eaux de la source. Ses murs, épais pour résister à la
pression de l’eau contenue, sont en pierre de taille. On voit encore son enduit
intérieur ; pour faciliter l’étanchéité, le constructeur a arrondi
les angles. Abandonné, il ne conserve plus l’eau ; un roncier qui
prolifère, des arbrisseaux et un gros peuplier (mort à présent mais debout) ont
pris possession des lieux ; et voilà deux ans, à la suite de fortes
pluies, une partie du mur est n’a pas résisté à la poussée et s’est renversé.
Sept blocs
parallélépipédiques, de section carrée (40 x 40) pour une épaisseur de 25 cm, débordent de 30 cm de la paroi aval
intérieure et servent de marches ;
ainsi pouvait-on descendre dans le
fond pour entretenir le bassin. Deux
déversoirs : un en amont par lequel l’eau entrait dans le bassin,
un en aval, en vis-à-vis, par lequel s’écoulait le trop-plein ; ce sont deux épais blocs de pierre, oblongs,
creusés d’une goulotte longitudinale, se terminant en forme de bec, fixés en
travers du sommet du mur, qui servaient de déversoirs.
L’eau évacuée était récupérée par un petit
tunnel à la base du mur aval pour rejoindre le lit du ruisseau. Ce tunnel
voûté, construit en pierres de taille,
est long de 15 m,
large de 90 cm
et haut d’1 m ; il part du pied de ce mur aval dans le sens longitudinal.
Un mur solide le prolonge, et protège le flanc terreux d’une érosion possible.
La base du mur aval du bassin est renforcée
jusqu’aux trois quarts de sa hauteur par un mur de pierre de 40 cm de large.
Près de l’escalier, un support, pierre arrondie, de 20 x 20, déborde de la
paroi intérieure, à 90 cm
du sommet et porte une pièce métallique ronde, indéfinissable ; en travers
du sommet du mur, à l’aplomb de cette pierre, une lame de métal a été scellée ; peut-être
y avait-il une pompe qui reposait sur la pierre en question ?
Et le ruisseau des Argériès ?
On l’appelle parfois « ruisseau de La Ripelle ».
Contournant la colline des Argériès, il a pris
naturellement le nom de celle-ci. Il reçoit quelques ruisselets, le plus
souvent à sec, dont celui de La
Moutte. Si l’eau de la source s’y
déverse, ce n’est pas d’elle qu’il prend naissance. Quand on est arrivé en vue
de la source, il faut passer sous la voûte d’un hallier pour remonter un cañon
qui présente quelques seuils rocheux et
quelques mini « marmites de géant » pour atteindre un pont naturel,
derrière lequel s’ouvre une large salle à ciel ouvert, le plafond s’étant
effondré ; elle forme réceptacle des eaux de ruissellement qui y arrivent
par ses deux extrémités très argileuses mais surtout par un lit rocheux et
encaissé qui reçoit une partie des eaux de pluie du plan incliné du domaine de Tourris, cerné par les hauteurs de la Vieille Valette,
celles des Bouisses et le flanc est du Mont Combe.
L’eau de ce ruisseau tombe en cascade dans le réceptacle du pont naturel,
amenant une telle quantité de cailloux
qu’il arrive que l’arche du pont soit en partie obstruée.
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