Le terrible incendie d’août 1906 au Mont-Caume

 

(Suite et fin)

 

 

Dans les numéros 7 et 9 des Bulletins des Amis du Vieux Revest ont été publiés deux articles de M. Lacroix rédigés à partir des articles du « Petit Var » sur les circonstances de cet incendie et sur les victimes Rougon, Davayat et Gabriel.

Nous avons trouvé dans les archives communales trois documents que nous reproduisons sur les suites de cet incendie et plus particulièrement sur l’érection du monument de la place Leclerc.

Il ne nous est malheureusement pas possible, compte tenu de leur mauvaise qualité, de reproduire deux photographies prises lors de l’inauguration de ce monument le 25 août 1907 que possède M. Alphonse Sauvaire, maire honoraire du Revest, petit-fils de M. Eugène Chaix, Président du comité d’érection de ce monument.

Notre témoignage sur cet événement aura en tout cas été émouvant jusqu’au bout.

 

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Pose d’une pierre commémorative

 

M. Durand, adjoint, propose  d’ériger au Mont-Caume une pierre tumulaire à l’endroit même où ont péri, victime du feu, les malheureux soldats commandés pour combattre l’incendie.

Cette pierre en forme de pyramide tronquée portera l’inscription :

Le Revest

À la mémoire

de

Rougon, Davayat et Gabriel

du 111e de ligne

victimes de l’incendie du Mont-Caume

(23 août 1906)

 

Les frais qu’occasionnerait l’érection de ce monument commémoratif seraient pris pour une souscription publique et par la Commune.

Le Conseil approuve cette proposition à l’unanimité et et décide d’ouvrir des listes de souscription.

 

 

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Inauguration

du monument élevé sur la place du Mt. Caume à la mémoire des soldats morts dans l’incendie du Mont-Caume du 23 août 1906

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L’an 1907, le 25 août à deux heures du soir, a eu lieu au Revest l’inauguration du monument élevé par souscriptions publiques, à la mémoire des soldats du 111ème régiment de ligne Rougon, Davayat et Gabriel, mort dans l’incendie du Mt. Caume du 23 août 1906.

 

Assistaient à la cérémonie :

Le Conseil municipal du Revest, au complet,

Le Comité d’érection composé de M.M. Meiffret Pierre-Marie, président d’honneur, Hermitte Séverin, conseiller municipal, président, Chaix Eugène, ouvrier du port, trésorier, Artigue Antoine, cultivateur, secrétaire ;

Fillol secrétaire de la Mairie, Meiffret François, garde champêtre, Isnard Cyrille, appariteur.

Un piquet du 111ème de ligne, sous les ordres du commandant Fabre ;

M. Ferrero, député de la première circonscription de Toulon.

M. M. Charlois, conseiller général et Mounin, conseiller d’arrondissement du 4ème canton de Toulon.

M. Segon, maire de la Valette et son adjoint.

M. Champagne, délégué de la municipalité de Toulon.

M. Fabre, délégué de la Seyne.

M. Hermitte, adjoint spécial du Broussan, commune d’Evenos.

Les représentants de la presse locale, etc …

Le cortège formé à 2 heures à la Mairie s’est rendu sur la place où s’élève le monument et dans laquelle une foule considérable s’était massée.

Au milieu du plus profond silence et d’une voix émue, M. Meiffret Pierre, maire du Revest a prononcé l’allocution suivante :

 

« Citoyens, Citoyennes,

Un an s’est écoulé depuis le jour où un incendie de sinistre mémoire dévorait les pentes boisés du Mont-Caume, faisant trois malheureuses victimes parmi les troupes commandées pour arrêter le terrible fléau.

Rougon, Davayat, Gabriel, du 111ème de ligne, périssaient dans les flammes sous les yeux de leurs camarades impuissants et consternés.

Une pareille mort ne pouvait tomber dans l’oubli.

Le Conseil municipal du Revest, animé d’un sentiment de pitié et de regret à l’égard de ces enfants infortunés a voulu léguer à la postérité l’exemple de leur dévouement. Il a pris l’initiative louable d’élever en leur mémoire une pierre commémorative. C’est ce souvenir pieux que nous inaugurons aujourd’hui, anniversaire de l’épouvantable catastrophe.

Ce modeste monument que le Revest dédie à la mémoire de Rougon, Davayat, Gabriel est l’œuvre de la reconnaissance publique et restera le souvenir vivant du noble sacrifice de ces victimes du devoir.

Au nom du Conseil municipal j’adresse aux généreux souscripteurs qui, par leurs dons, ont contribué à l’érection du monument, aux membres du Comité et aux ouvriers, dont l’activité et le labeur ont permis de mener à bonne fin cette œuvre de souvenir, mes plus chaleureux remerciements.

J’adresse également l’expression de ma vive reconnaissance à notre sympathique député, à M.M. les Maires, mes collègues, aux officiers et soldats du 111ème ligne, à tous les citoyens qui, par leur présence, ont tenu à rehausser l’éclat de la cérémonie d’aujourd’hui.

Et maintenant, citoyens et habitants du Revest, cette pierre, je la place sous votre sauvegarde, je vous la confie, persuadé d’avance qu’elle sera pour vous un objet de vénération et de respect et que vous veillerez sur elle avec un soin jaloux. »

 

Ont ensuite pris la parole M.M. :

-       le commandant Fabre au nom du 111ème de ligne, Ferrero, député, au nom de la première circonscription de Toulon,

-       Champagne, au nom de la ville de Toulon,

-       Fabre, au nom de la ville de la Seyne (mentionnons ici que la Seyne a offert une magnifique couronne d’immortelles qui a été déposée au pied du monument.),

-       Chaix, au nom du Comité d’érection.

 

Les discours prononcés, le cortège s’est rendu sur la place Meiffret où un vin d’honneur a été offert aux invités.

La foule profondément émotionnée de cette touchante manifestation se retire avec calme et recueillement.

La cérémonie prend fin à 4 heures.

 

Le Maire

Meiffret

 

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M. le Président (du comité d’érection) s’exprime ainsi (devant le conseil municipal revestois):

 

Messieurs,

 

Lors de votre dernière réunion, le 6 septembre dernier (1906) , le regretté collègue Agarra fit au Conseil une proposition qui tendait à demander à M. le Ministre de l’Intérieur une médaille d’honneur en faveur du garde-champêtre Meiffret de notre commune et du brigadier forestier Peyran de Toulon en récompense des services signalés que ces agents avaient rendus pendant l’incendie du Mont Caume (23, 24 et 25 août) qui coûta la vie à trois malheureux soldats.

À l’unanimité cette proposition fut prise en considération et un dossier fut formé en vue de donner suite à votre décision.

M. l’inspecteur des forêts n’ayant pas donné un avis favorable en ce qui concerne Peyran, nous n’avons pas cru devoir poursuivre pour ce fonctionnaire la réalisation de votre vœu.

Mais il ne doit pas en être de même pour le garde Meiffret sur le compte de qui l’administration des forêts n’a pas donné son avis.

Vous avez, comme moi, tous été témoins de l’activité et du zèle qu’a déployé notre garde champêtre. Une telle conduite, en des circonstances aussi périlleuses et aussi pénibles, mérite une juste récompense.

 

C’est pourquoi je viens vous prier de renouveler la demande que vous fîtes en septembre.

 

A la suite de cet exposé, le conseil municipal est d’avis qu’une récompense soit accordée au garde Meiffret et à cet effet, il sollicité de M. le Ministre de l’Intérieur une médaille d’honneur en sa faveur.

 

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Récompense au garde-champêtre Meiffret

 

Clémenceau écrit au garde-champêtre Meiffret

 

République Française                         Paris le 19 janvier 1907

Ministère de l’Intérieur

 

Monsieur,

 

Le Préfet du Var m’a signalé le dévouement dont vous avez fait preuve le 23 août 1906 en combattant un incendie de forêt.

Je me félicite de vous adresser, au nom du Président de la République, un éloge mérité et qui sont mentionné au Journal Officiel.

Recevez Monsieur l’assurance de ma considération distinguée.

 

Le Ministre de l’Intérieur

Clémenceau